Le Café Littéraire luxovien / Les Petites fugues 2014  
 

 

 

 

 

Rencontre avec Fabio Viscogliosi

 

Fabio Viscogliosi à Luxeuil - Photo: Nicole Grépat

Fabio Viscogliosi à Luxeuil - Photo: Nicole Grépat

Fabio Viscogliosi à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey

Fabio Viscogliosi à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey

Le Café Littéraire luxovien recevait l'écrivain
Fabio Viscogliosi

pour une lecture rencontre le 17 novembre 2014 à 20 heures
à la Bibliothèque Municipale de Luxeuil-les-Bains,
avec l'aide du CRLFC, dans le cadre des Petites fugues, 
festival de littérature contemporaine itinérante en Franche-Comté

 

par Marie-Françoise:

      Les membres et amis du Café littéraire luxovien (activité mensuelle du Centre Social Saint Exupéry), augmentés pour l'occasion de lecteurs de la bibliothèque et d'amateurs des rencontres incontournables avec des écrivains que sont devenues les Petites fugues en littérature contemporaine initiées chaque année au mois de novembre par le Centre Régional du Livre de Franche-Comté, recevaient Fabio Viscogliosi.
      L'auteur, français, fils d'immigrés italiens, attirait à la Bibliothèque municipale de Luxeuil, où se déroulait la rencontre lundi 17 novembre, par les titres de ses derniers ouvrages :
"Mont Blanc" (paru en 2011 chez Stock), traite de l'accident du tunnel du mont Blanc où il perdit brutalement ses deux parents alors qu'il avait 34 ans. "Après le décès d'une personne qui vous est chère, on entre brusquement dans un autre monde" confie-t-il. Il relate l'accident et ce que l'on en sait dans la première partie du livre, et tout ce à quoi l'on est inévitablement confronté après un décès, et dans son cas précis, en surplus, le procès et sa longue instruction. Il relate ses pensées, ses humeurs au grès de ces années, se refusant "à faire le deuil". Elles donnent lieu à des chapitres agencés en suites de récits, d'images et de souvenirs en correspondance, mêlés d'un sourire tendre et piquant à la fois. Mais sans s'étaler sur lui même, sans pathos. Relevant à la fin le défi : "J'avais rendez-vous avec la vie, je ne voulais surtout pas la faire attendre".
"Apologie du slow" (paru en 2014, toujours chez Stock), est un titre un peu trompeur dans le sens où il ne s'agit pas à proprement parler de la danse que l'on sait, même si l'auteur est connu pour avoir par ailleurs produit une œuvre musicale sous le nom de Fabio, mais de sa lenteur, ou plutôt du mouvement, du déplacement... Fabio Viscogliosi avouant avoir un problème avec la vitesse.
      Dans "Apologie su slow", comme dans les ouvrages précédents de l'auteur, on retrouve la manière d'écrire qui lui est propre : de nombreux chapitres parfois de quelques lignes, parfois de plusieurs pages où le vagabondage de ses rêveries et souvenirs le portent à évoquer, non sans humour, des cinéastes, musiciens, chanteurs, peintres, écrivains, mais aussi ses parents, son père, des personnes par lui connues, des animaux, même l'univers….
      Il faut dire que Fabio Viscogliosi a une grande culture et s'intéresse à bien des domaines. Grand lecteur et amateur de cinéma, il est aussi dessinateur (il a étudié le dessin technique et les arts appliqués aux beaux-arts à Paris), musicien et chanteur. Papillonnant en quelque sorte parmi ces divers arts qu'il maîtrise, de même il écrit, d'où ses chapitres et leur enchaînement particulier, genre "marabout bout de ficelle" bien souvent, qui entraîne le lecteur à poursuivre agréablement sa lecture en "une bonne flânerie, légère, désinvolte et peut-être inutile", pour reprendre le souhait qu'il émet pour quiconque à la fin d'un précédent ouvrage intitulé "Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit " (paru chez Stock en 2010).
      Mais ne nous y trompons pas, si dans ses ouvrages le lecteur peut un tantinet cerner l'auteur, ce dernier ne s'expose pas lui-même, ne fait pas œuvre d'exhibitionniste. Tout en pudeur, c'est à travers ce et ceux qu'il évoque qu'on le découvre, comme à travers un miroir qui en renverrait le reflet ou l'écho (mot que Fabio aime beaucoup), où le lecteur pourrait se reconnaître aussi…
      Enfin, il nous confie aimer la contradiction, on la retrouve dans ses pages, il aime les aller-retour, en arrière, en avant (un peu comme la danse somme toute) et confie également que quelques citations qu'il met entre guillemets et attribue à tel ou tel, il les a inventées, que d'autres, réelles, il les a glissées sans guillemets dans son propre texte… Mais ce faisant, il ne trompe pas le lecteur, il ne fait que son travail d'écrivain, créant une œuvre littéraire dans laquelle se mêlent ses souvenirs, vrais et transformés, patinés par le temps, ou recréés par l'imagination, parfois même inventés.

 

 

Fabio Viscogliosi à Luxeuil - Photo: Nicole Grépat
Fabio Viscogliosi et Marie-Françoise Godey à Luxeuil
Photo: Nicole Grépat

 

 

Temps fort des Petites fugues à Pusey 


      Le 22 novembre 2014 à 16h, à la Maison des Associations de Pusey (Haute-Saône) Charlotte Dumez et Guillaume Fulconis 
      ont lu les textes de Fabio Viscogliosi, Ingrid Thobois, Jean-François Haas, David Bosc et Anne-Claire Decorvet
      Les lectures furent suivies d'entretiens des auteurs avec l'animatrice Béatrice Lecroart-Hue.

 

Béatrice Lecroart-Hue, Jean-François Haas, Fabio Viscogliosi, Ingrid Thobois, David Bosc et Anne-Claire Decorvet à Pusey - Photo MFG
Béatrice Lecroart-Hue, Jean-François Haas, Fabio Viscogliosi, Ingrid Thobois, David Bosc et Anne-Claire Decorvet à Pusey - Photo MFG

 


      

Fabio Viscogliosi 
à Pusey - Photo MFG
       Fabio Viscogliosi
au temps fort des 
Petites fugues
 
à la Maison des Associations de Pusey  (Haute-Saône)
le 22 novembre 2014

      On retient de la lecture d'un extrait d'Apologie du slow, et de son entretien avec
Béatrice Lecroart-Hue qu'il y est question de vitesse, de mouvement, de déplacement. C'est une sorte de circulation dans des zones plus ou moins visitées par la pensée, avec une dimension de légèreté aussi, et beaucoup d'éclectisme dans ses références. On n'y trouve pas de hiérarchie entre les êtres, les événements graves ou non. Quelque chose de poignant dans la valeur des choses, dans ce que font d'autres ce jour-là, au moment où... Pour Fabio Viscogliosi importe plus le déplacement que la destination, il est plus attiré par la déambulation que par le voyage avec un grand "V"..

 


      

Jean-François Hass 
à Pusey - Photo MFG
       Jean-François Haas
au temps fort des 
Petites fugues
 
à la Maison des Associations de Pusey  (Haute-Saône)
le 22 novembre 2014
      
      On retient de la lecture d'un extrait de son roman Une panthère noire dans un jardin, et de son entretien avec
Béatrice Lecroart-Hue que Jean-François Haas est animé d'une grande colère devant le refus de se sentir responsable des autres. Elle traverse toutes ses œuvres. Son écriture est  "coup de gueule" devant le système incapable face à la violence de la société fratricide dans laquelle nous vivons. Colère qu'il manifeste uniquement par le moyen de l'écriture.

 

 


      

Ingrid Thobois 
à Pusey - Photo MFG
       Ingrid Thobois
au temps fort des 
Petites fugues
 
à la Maison des Associations de Pusey  (Haute-Saône)
le 22 novembre 2014


      On retient de la lecture d'un extrait de son
œuvre poétique Les sorciers meurent aussi, et de son entretien avec Béatrice Lecroart-Hue, qu'Ingrid Thobois est une grande voyageuse, que ses romans ou poèmes sont inspirés par le voyage, par son obsession de la frontière, d'aller jusqu'à la frontière... géographique, ou mentale comme dans Recto/Verso.

 

 


      

David Bosc 
à Pusey - Photo MFG
       David Bosc
au temps fort des 
Petites fugues
 
à la Maison des Associations de Pusey  (Haute-Saône)
le 22 novembre 2014


      On retient de la lecture d'un extrait de La claire fontaine, et des  réponses de David Bosc aux questions de
Béatrice Lecroart-Hue, sa citation de Corot: "Il ne faut pas chercher, il faut attendre".  Que le peintre Gustave Courbet dont, dans La claire fontaine, il relate et imagine les quatre dernières années de vie exilé en Suisse, n'y furent pas tristes comme on pouvait le croire mais furent souvent très lumineuses. La dimension cosmique que l'on retrouve chez le peintre Gustave Courbet, comme on la trouve chez Rimbaud (qui dans les mêmes temps que Courbet passa dans le même lieu, où ils se sont peut-être rencontrés), et chez Baudelaire. Que Courbet était un homme libre et bon vivant sans être un théoricien de la liberté. Que c'était "un pauvre que ce que nous on possède ne rendait même pas jaloux". 

 

 

       Anne-Claire Decorvet
au temps fort des 
Petites fugues
 
à la Maison des Associations de Pusey  (Haute-Saône)
le 22 novembre 2014

      

Anne-Claire Decorvet 
à Pusey - Photo MFG

      On retient de la lecture d'un extrait de son livre de nouvelles 
L'instant limite, et de son entretien avec Béatrice Lecroart-Hue, qu'Anne-Claire Decorvet, s'attache dans ses oeuvres à mettre en lumière ces moments de vie où ça dérape, ces dixièmes de secondes qui font tout basculer d'un coup, qu'elle cherche derrière l'apparence lisse ce qu'il y a de riche et fascinant, la folie dont on se défend, la peur du changement, qu'elle traque et souligne l'étrange de ces moments et le pousse à un paroxysme pas possible.

 

 


Béatrice Lecroart-Hue 


Charlotte Dumez 


Guillaume Fulconis 

à Pusey - Photos MFG

 

 

 

 

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