Le Café Littéraire / Les fleurs  Photos © Gérard Brandt

 

 

Les matins d'automne, la vallée se couvre de fleurs vert foncé, minuscules comme des gouttes de rosée. Ce sont sans doute les plus éphémères des fleurs. Elles ne vivent que quelques heures. Vers sept heures ou sept heures et demie, le soleil d'automne sèche les herbes, les boutons commencent à s'ouvrir. Vers huit heures, les fleurs s'épanouissent, elles vivent quelques instants la plénitude de leur extraordinaire beauté. Elles fleurissent en grappes, dansent comme des milliers et des milliers de gouttelettes vertes sur les feuillages épais, d'une blancheur de marbre, illuminés par des reflets d'argent velouté. Vers dix heures ou dix heures et demie, les pétales graciles se fanent, se fripent, s'enroulent. À midi juste, les cinq pétales froissés, ratatinés, se tassent en un point noir. Aucun peintre n'a encore réussi à rendre le vert étrange de cette fleur, aucun poète n'a jamais su décrire sa beauté chimérique.

Duong Thu Huong, Terre des oublis

 

La venue du soir cachait tout. Les ballons devenaient blancs, de la couleur des fantômes. Mais les fantômes existaient-ils ? On aurait dit que le jardin avait grandi. On entendit dans le ciel le grondement d’un moteur. Tout le monde leva la tête, mais l’avion, cette fois, restait invisible. Les pieds de la table et ceux de la chaise disparaissaient comme s’ils avaient fondu dans l’air.  Et les guêpes aussi étaient invisibles ; elles vous tournaient autour en cherchant les endroits sur la peau ; elles s’introduisaient dans les fleurs ; les chats qui n’avaient pas mangé venaient se frotter à vos chevilles. Les épines piquaient, les murs cognaient, les chats avaient faim.

Dominique Barbéris, L’heure exquise.

Cosmos Sensation© Gérard Brandt  Orchidée © Gérard Brandt

 

Les Casatum, orchidées d'Amérique du Sud, offrent aux insectes qui les visitent des substances odorantes dont ils s'imprègnent les poils des pattes. Ces gouttelettes à forte odeur de menthe sont stockées dans une vésicule prévue à cet effet. Seuls les mâles effectuent ces prélèvements. Puis, revenus sur leurs territoires, ils le marquent en réémettant le parfum par mouvement vibratoire des ailes qui simule l'action d'un vaporisateur. Le territoire ainsi marqué est prêt pour les parades nuptiales. Ici l'orchidée offre à l'insecte un parfum qui lui permettra d'attirer et de séduire sa femelle. Ce que fit l'homme aussi, lorsqu'il survint beaucoup plus tard dans l'histoire de la vie, croyant inventer un stratagème que cet insecte connaissait bien avant lui. Éternelle stratégie de la séduction, qui emprunte à la fleur ces arguments souvent décisifs que sont les parfums.

Jean-Marie Pelt, Les plantes.

 

Rose trémière © Gérard Brandt

Dès que la pollinisation a eu lieu, la fête est finie. La fleur se fripe, perd ses couleurs, son odeur, sa fraîcheur. Le labelle fane et la fleur disparaît entièrement dans la végétation environnante. La nature cesse ses campagnes publicitaires et enlève ses panneaux dès que leur objectif est atteint; les vieilles affiches ne souillent pas indéfiniment le paysage après que le spectacle a eu lieu! C'est d'ailleurs cette précipitation à défleurir qui explique pourquoi les éleveurs d'orchidées redoutent autant la présence d'insectes dans leurs serres. Car la fleur ne conserve sa beauté qu'autant qu'elle n'est pas fécondée. Aussitôt après, elle flétrit.
Jean-Marie Pelt, Les plantes.

 

Quand ce fut impossible pour elle de consommer plus de fraises, il lui en remplit son petit panier; puis tous deux s'en allèrent aux rosiers où il cueillit des fleurs qu'il lui fit mettre à son corsage. Elle obéissait comme dans un rêve et, lorsqu'elle n'en put fixer d'autres il lui en attacha lui-même un ou deux boutons à son chapeau et en entassa dans son panier avec une prodigalité généreuse.

Thomas Hardy, Tess d'Urberville.

 

Nénuphar  © Gérard Brandt

Le jour commençait à se faire. Nous sortîmes du bal, nous tenant par la main. Les fleurs de la chevelure de Sylvie se penchaient dans ses cheveux dénoués; le bouquet de son corsage s'effeuillait aussi sur les dentelles fripées, savant ouvrage de sa main. Je lui offrit de l'accompagner chez elle. Il faisait grand jour, mais le temps était sombre. La Thève bruissait à notre gauche, laissant à ses coudes des remous d'eau stagnante où s'épanouissaient les nénuphars jaunes et blancs, où éclatait comme des pâquerettes la frêle broderie des étoiles d'eau. Les plaines étaient couvertes de javelles et de meules de foin, dont l'odeur me portait à la tête sans m'enivrer, comme faisait autrefois la fraîche senteur des bois et des halliers d'épines fleuries.
Gérard de Nerval, Sylvie  
(Les filles du feu).

 

Alors elle s'aperçut du spectacle qu'elle offrait à leurs yeux surpris: roses à son corsage, roses à son chapeau, fraises et roses emplissant son panier jusqu'au bord. Elle rougit et dit confusément que les fleurs lui avaient été données. Pendant que les voyageurs ne l'observaient pas, elle enleva furtivement de son chapeau celles qui étaient le plus en vue, les mit dans le panier et les couvrit de son mouchoir. Puis elle retomba dans ses réflexions et, baissant la tête, elle se piqua le menton avec l'épine de la rose qui restait à son corsage. Comme tous les habitants du val de Blackmoor, Tess était imprégnée d'imaginations et de superstitions prémonitoires; elle songea que c'était un mauvais présage, le premier qu'elle eût remarqué ce jour-là.

Thomas Hardy, Tess d'Urberville.

 

Elle suivait le soleil avec sa chaise longue de paille, dans le jardin aux fleurs avant le déjeuner et l'après-midi dans le potager contre le mur, chaud jusqu'au soir. Derrière l'immense laurier de cuisine chantaient les poules, en signe printanier des premières pontes. Un lézard s'approchait sur les marches. Elle ne gênait pas non plus l'oiseau qui tapissait de terre un trou du mur pour arrondir l'entrée de son nid. Chaque jour de nouvelles créations, fleurs sauvages, musaraignes, papillons jaunes, la laissaient avancer. Il y avait des pervenches près des arrosoirs. L'été viendrait. Entre toutes les plantes pleines de sèves et d'odeurs, au contact de la terre attiédie, elle s'était enracinée.

Jean-Loup Trassard, L'ancolie.

Agératum Impérial © Gérard Brandt

 Hibiscus © Gérard Brandt

 

Tu dis que tu t'es levé pour partir, mais que tu n'as pu t'empêcher de te retourner pour lui jeter un regard et que tu as vu alors ses deux joues et une fleur rouge de camélia piquée sur sa tempe. La pointe de ses sourcils et le coin de ses lèvres brillaient comme des éclairs, illuminant soudain le vallon sombre. Ton coeur s'est enflammé. Tu as tout de suite compris que tu avais rencontré une femme au camélia. Elle était assise là, bien vivante, et sa poitrine tendait sa chemise de lin bleu clair. Elle tenait au bras un panier de bambou, fermé par une serviette brodée toute neuve. Aux pieds, elle portait une paire de chaussures, neuves aussi, de toile bleue à fleurs. Elle se détachait comme un papier découpé sur une fenêtre.
Approche-toi! Elle te fait signe.

Gao Xingjiang, La Montagne de l'Âme.

 

© Gérard Brandt

La fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté.

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince.

 

Mais qui avait eu l'idée de comparer les femmes à des roses? Il semblait qu'on avait fait cette comparaison depuis toujours. Pourquoi était-ce au juste? Parce qu'elles s'abîment? Parce qu'elles se fanent? Parce qu'elles piquent?

Dominique Barbéris, La Ville.

 

...et pourtant ce parfum d'aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d'une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l'eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d'années successives, tandis qu'alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les frôlèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. Parfois ce morceau de paysage amené ainsi jusqu'à aujourd'hui se détache si isolé de tout, qu'il flotte incertain dans ma pensée comme une Délos fleurie, sans que je puisse dire de quel pays, de quel temps -- peut-être tout simplement de quel rêve -- il vient.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann.

 

© Gérard Brandt

Géranium lierre © Gérard Brandt

      Là-haut (on dit "là-haut" quand on vient du Valais, mais quand on vient d'Anzeindaz on dit "là en bas" ou "là au fond"), la neige, en se retirant, faisait de gros bourrelets; ils découvraient sur leurs bords, dans l'humidité noire que l'herbe recouvrait mal d'une espèce de feutre terne, toute espèce de petites fleurs des montagnes qui s'ouvraient à l'extrême limite d'une frange de glace plus mince que du verre à vitre. Toute espèce de petites fleurs de la montagne avec leur extraordinaire éclat, leur extraordinaire pureté, leurs extraordinaires couleurs: plus blanches que la neige, plus bleues que le ciel, ou orange vif, ou violettes: les crocus, les anémones, les primevères des pharmaciens. Elles faisaient de loin, entre les taches grises de la neige qui allaient se rétrécissant, des taches éclatantes. Comme sur un foulard de soie, un de ces foulards que les filles achètent en ville, quand elles y descendent pour la foire, à la Saint-Pierre ou à la Saint-Joseph. Puis c'est le fond même de l'étoffe qui change; le gris et le blanc s'en allaient; le vert éclatait de partout: c'est la sève qui repart, c'est l'herbe qui se montre à nouveau; c'est comme si le peintre avait d'abord laissé tomber de son pinceau des gouttes de couleur verte, puis elles se rejoignaient.

Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence

 

     C'était une nuit chaude et étouffante. À chaque mouvement on ruisselait de sueur. Les rais de lumière des lampes à pétrole qui tombaient dans la cour coulaient comme une buée sale le long des troncs d'arbres. (...) Il y avait là une fenêtre qui donnait sur la cour voisine. Il s'y accouda. (...)
     Toutes les fleurs du monde embaumaient en même temps, comme si la terre, inanimée pendant la journée, avait été rappelée à la conscience par tous ces parfums. Montant du jardin séculaire de la comtesse encombré de chablis au point d'être impraticable, flottait à la hauteur des arbres l'odeur, large comme le mur d'une grande maison et poussiéreuse comme un taudis, d'un vieux tilleul qui refleurissait. À droite, au-delà de la palissade,des cris résonnaient dans la rue. Un permissionnaire chahutait, une porte claquait, des bribes de chansons battaient de l'aile. (...)
   En bas, sous la fenêtre, dans la cour, à l'odeur des belles-de-nuit se mêlait l'arôme, fort comme celui de la fleur de thé, du foin fraîchement coupé. (...)
   À l'entour, tout fermentait, poussait et montait en graine. Partout on sentait le levain magique de l'existence. La joie de vivre, vent paisible, courait comme une large vague, sans savoir où, par la ville et par les champs, par-dessus murs et palissades, à travers les corps des arbres et des hommes, faisant tout trembler sur son passage. Pour échapper à ce déferlement, le docteur alla écouter ce que disaient les gens rassemblés au meeting de la place d'Armes.

Boris Pasternak, Le docteur Jivago

 

     Toujours pousse le lilas vivace une génération après que la porte, le linteau et le seuil ont disparu, ouvrant ses fleurs parfumées au retour du printemps, pour s'offrir à la main du passant rêveur; planté et soigné jadis par des mains d'enfants, dans les plates-bandes de la cour de devant, aujourd'hui debout contre des pans de mur dans des pâturages écartés, et cédant la place à des forêts naissantes; le dernier de cette race, seul survivant de cette famille. Guère ne pensaient les petits moricauds que la chétive bouture à deux yeux seulement, qu'ils piquèrent dans le sol à l'ombre de la maison et quotidiennement arrosèrent, prendrait de telles racines, et leur survivrait, ainsi qu'à la maison elle-même, dans l'arrière cour qui l'abritait, comme au jardin et au verger de l'homme adulte, pour raconter vaguement leur histoire au passant solitaire un demi-siècle après qu'ils seraient devenus adultes et seraient morts, fleurissant aussi loyalement, sentant aussi bon, qu'en ce premier printemps. Je remarque ses couleurs encore tendres, civilisées, riantes, ses couleurs lilas.

Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois

 

     L'intérieur était bien plus sombre que dans le café. Le mur opposé à l'entrée semblait noir, mais bientôt Henri s'aperçut qu'il était en réalité d'un bleu nuit auquel ne manquait qu'une voie lactée d'étoiles scintillantes. Ici et là, un foisonnement de bocaux de toutes tailles et de toutes formes, pittoresque, accueillait des fleurs et des feuilles séchées, sans doute prélevées sur les tiges du champ à l'envers qui semblait pousser au plafond, tant les bouquets suspendus y étaient nombreux, étroitement serrés. Une odeur suave, et âcre, tenait solidement la pièce. «Alors, comme ça tu t'es faite herboriste», déclara, plus qu'il ne demanda, Henri, en fixant les larges poutres noires. Il ne l'avait toujours pas dévisagée, tout juste avait-il deviné la couleur de sa robe de travail. «C'est un moyen pour vivre le moins péniblement possible.»  Sa réponse, à ce point emplie de sous-entendus, devait logiquement obliger Henri à relancer le questionnement. Lequel lui parut prématuré, alors que la porte n'avait pas encore été sur eux refermée. Mais le devait-elle, le pouvait-elle, alors que l'atmosphère dégageait cette électricité bondissante, relancée par le moindre geste, le moindre souffle ? Ce fut elle qui poursuivit: «J'en cultive la plupart dans le champ derrière la maison. J'en cueille de sauvages, aussi. Sur l'île où ailleurs. C'était la maison de ma grand-tante. À sa mort, la bâtisse a été abandonnée... Alors, je suis venue m'installer ici, poursuivre son travail, reprendre les cultures et la cueillette, continuer à fournir les pharmacies de la ville. Veux-tu une infusion, justement ? Et veux-tu que je plonge tes fleurs dans l'eau ?

Sophie Van der Linden, De terre et de mer

LES PRIMEVÈRES

          Derrière la barrière de clôture longée de troènes se sont succédé des voisins locataires d'une maison préfabriquée.
          Jusqu'à ces dernières années aucune plantation n'y avait été entreprise. Sauf du potager.
          En général avec enthousiasme, comme nous-mêmes, les premiers temps d'occupation.
          Délaissé peu à peu devant l'ingratitude de la terre argileuse, l'ombre portée de la forêt qui masque le soleil jusqu'à presque midi gardant la terre froide, le courant d'air aussi qui la balaye entre maisons et lisière.
          Enfin, abandonné pour laisser place d'abord à de la pelouse, se transformant en herbe de plus en plus mêlée de mousse et autres piloselles, ainsi qu'à quelques fleurs d'agrément: roses trémières, hémérocalles, primevères.
          Or, les primevères sont plantes voyageuses.
          Repiquées ou semées par l'un de ces voisins, elles ont parcouru les quelques mètres de leur pelouse, franchi la barrière et se sont coulées sous la haie de troènes que je les ai, il faut le dire, un peu aidées à traverser.
          Ce pas franchi, elles ont migré, violacées, pourpres et jaune clair jusque derrière notre maison, toujours vers l'est, obstinément. Elles cherchent les soleil levant. Arrivent vers le verger.
          On en voit tout l'hiver fleurir l'une ou l'autre.
          Attardée ou précoce ?
          Aujourd'hui, leurs coussins ont envahi toute la plate-bande, la disputent aux fraisiers, des violets bleutés, des mauves très clairs, un rouge orange, plus de jaunes pâles, ils ont viré au blanc.
             Primevères : jeunesse, porte-bonheur

Marie-Françoise, Au jardin d'Alba

       

       Ce fut un peu plus loin, au bord du chemin, qu'il vit apparaître la première jonquille. Elle avait percé sur un lit de feuilles mortes et semblait un phare sur des terres brunes. Tuan fut saisi par la clarté de cette apparition: sa silhouette était gracieuse, sa carnation diaphane; sa tige vert tendre se confondait avec ses feuilles naissantes; son fin bourgeon était penché vers le sol et ouvrait un pétale qui avait la légèreté d'une aile dorée. À côté d'elle, il vit une deuxième fleur, puis de nombreuses pousses vertes entre les racines des hêtres et les mûriers rampants; certaines avaient fleuri: elles portaient une couronne jaune vif, entourée de pétales d'une teinte plus claire, et poussaient par bouquets de deux ou trois, ou parfois solitaires c'était pour lui l'image même de la beauté printanière.
       Le mot "jonquille" se présenta à ses yeux, sonnant avec douceur à l'oreille. Considérant les syllabes de ce nom, il se dit que chaque lettre avait dû être dessinée par un pinceau céleste pour refléter la fleur elle-même
le j avait la droiture souple d'une tige qui s'élevait dans l'air, le o s'enroulait avec la perfection d'un bracelet de jade. Le n disait la vitalité de la naissance, le q dessinait la rondeur du bulbe et de ses racines s'enfonçant dans la terre. Le u était la couronne intérieure de la fleur, le i suggérait la vivacité du jaune citron. Les deux l avaient la fluidité limpide de la sève, le e était le jaune plus clair des pétales. Le mot était à l'image de la chose qui se trouvait sous ses yeux.

Hoai Huong Nguyen, Sous le ciel qui brûle

 

     Quand elles [les métisses] chantaient de leur voix grêle, nous évoquions d'autres paysages: le bruissement des grandes feuilles, les cascades étincelantes, parmi les arbustes et les fleurs blanches du cactus, la pluie lourde qui s'abat sur les champs de canne à sucre; les vallées où flamboie la fleur du pisonaye, pleine de fourmis rouges et d'insectes voraces:
     Ah! « pique-fleurs », ailes d'émeraude, ne troue pas tant cette fleur,
      Ne sois pas cruel, descends au bord de la rivière, ailes d'émeraude,
      Et regarde-moi pleurer près de l'eau rouge, regarde-moi pleurer.
      Descends et vois, « pique-fleurs » doré, toute ma tristesse,
      De fleur des champs blessée, de fleur des rivières,
      Que tu as abandonnée.

José Maria Arguedas, Les fleuves profonds

Le Café Littéraire / Les fleurs  Photos © Gérard Brandt

 

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