Le Café Littéraire / l'écriture sous forme de carnets, de journaux intimes...                

                                                                                                    

C'est idiot de tenir un journal, je le sais bien. Mais depuis trois semaines, il m'est arrivé tant de choses, et tellement extraordinaires, que si je ne fais pas le point, si je ne prends pas le temps de me chercher, de me voir tel que j'étais «avant», je sens que je vais complètement m'égarer.

Boileau-Narcejac, Maldonne

 

Tout ce qui reste de ma vie ce sont les notes. J'écris un journal intime pour lutter contre l'oubli, offrir un supplétif à la mémoire. Si on ne tient pas le greffe des faits et gestes, à quoi bon vivre: les heures coulent, chaque jour s'efface et le néant triomphe. Le journal intime, opération commando menée contre l'absurde.
       J'archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l'existence. Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée ― à penser plus fort, à regarder plus intensément. Il serait désobligeant de n'avoir rien à inscrire sur la page d'un calepin. Il en va de même de la rédaction quotidienne comme d'un dîner avec sa fiancée. Pour savoir quoi lui raconter, le soir, le mieux est d'y réfléchir pendant la journée.

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

 

 

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