Le  Ca  scribouillard /(4)

dernière mise à jour le 3 avril 2024

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2024 :

 

L'édition 2023-2024 des Dix mots" a pour thème 
« Dis-moi dix mots sur le podium »
Les dix mots sélectionnés sont : 

adrénaline, prouesse, échappée, faux départ, mental, s'encorder, collectif, hors-jeu, champion, aller aux oranges

 

Nicole Grépat :

Sport du cœur

                                 Hommage à Andrée Chedid

Faudra-t-il obliger chacun de nous
À
s’encorder pour jouer collectif !
Notre humanisme de base
Accuse souvent un
faux départ,
Ou révèle un
hors-jeu signifiant.
Alors que faire pour notre frère,
Champion de la pauvreté ?
Que faire pour notre ami,
Titulaire d’un
mental en berne ?
Que faire devant la
prouesse
D’une éternelle souffrance ?
L’
échappée est-elle encore possible ?
Je dis sans hésiter : Oui.
Nous avons besoin d’
adrénaline,
Aller aux oranges s’impose.
Reprenons des forces
Dans le vestiaire de nos pensées
Pour qu’elles soient chaleureuses
Et constructives envers l’autre,
Notre hôte.
Et pratiquons sans délai
Le sport de la bienveillance.

                                  
Mars 2024

 

Marie-Claude Holder :

       Paris 2024. Les JO mondiaux arrivent.
       En chaque sportif, l'
adrénaline monte, avec l'espoir d'une prouesse, celle de son champion.
       Dans chaque équipe sportive, un
mental collectif. Pas de faux départ, pas d'échappée en solitaire ni de hors- jeu comme dans la vraie vie.
       On va
s'encorder pour vaincre ensemble le danger, aller aux oranges ensemble pour reconstituer forces et courage...
       Au final, des victoires seront remportées sur des adversaires loyaux. Des victoires de la VIE. 

 

Hildegard Thorand :  

       Encorde-toi ! Attache-toi aux autres afin de ne pas dévisser !
       C'est un bon conseil, pas seulement pour les alpinistes ! Quand on est capable de faire confiance...

       Des souvenirs et des espoirs.

       Je me présente, je suis une athlète russe de près de 50 ans maintenant. Oui, ma carrière sportive est terminée depuis longtemps, mes prouesses sportives appartiennent à l'histoire. Mais j'aime me souvenir particulièrement de ma participation aux Jeux olympiques. C'est un sentiment merveilleux de monter sur le podium en tant que championne et de recevoir une médaille.

       Il y a d'autres moments au cours de ma carrière sportive qui ont provoqué des montées d'adrénaline extrêmes, comme par exemple mon faux départ aux championnats d'Europe. Il faut avoir un mental d'acier pour ne pas craquer, pour ne pas abandonner tout de suite.

       Maintenant, il ne vous est plus difficile de deviner dans quelle discipline j'ai été active sportivement: le 400m et le relais. Le 400m en tant que discipline individuelle, le relais en tant que discipline un peu collective.

       Les sports d'équipe ne me conviennent pas vraiment. Par exemple, en alpinisme, je n'aime pas me fier aux autres en m'encordant ; au football, il y a toujours le piège du hors-jeu, l'aller aux oranges pas seulement pour manger des oranges mais également pour se faire insulter par l'entraîneur et souvent aussi par des coéquipiers ; et en cyclisme, faire partie d'une échappée, se dépenser totalement pour ne pas réussir quand même.

       Aujourd'hui, je suis le monde du sport un peu depuis mon fauteuil. Cette année, les Jeux olympiques se déroulent à Paris.
       Pour les sportifs russes, il est très dommage que leur participation soit remise en question. Pour beaucoup d'entre eux, ç'aurait été leur seule chance de participer à des jeux olympiques.
       J'espère encore que le conflit trouvera une solution satisfaisante pour toutes les parties et que les Jeux se dérouleront dans la paix.

       L'espoir meurt en dernier.

 

Roberte Burghard :

Dernier match

Accueillies par la fanfare pour ce dernier match de la saison, les deux équipes, mental d’acier, pénètrent sur le terrain sous les applaudissements des nombreux spectateurs enthousiastes. Au coup de sifflet de l’arbitre, les joueurs, dopés à l’adrénaline, s’affrontent pour récupérer le ballon. Un adroit coup de pied et c’est déjà une échappée des Verts. Mais la prouesse n’est pas pour cette fois car le ballon habillement dévié dans une contre- offensive adverse part en hors-jeu. Un coup de sifflet et c’est reparti. Rien n’échappe aux supporters attentifs: mauvais coup, corner, penalty. L’ambiance est électrique et le temps passe vite. C’est déjà la mi-temps, le moment d’aller aux oranges. Les coachs s’emploient à dynamiser leurs troupes, à encourager le jeu collectif. Et c’est reparti! La deuxième mi-temps s’engage. Pas de faux départ! Chaque équipe se donne au maximum, espérant arracher le but qui désignera les champions. Dans les tribunes les discussions, les pronostics vont bon train au gré des désillusions et des espoirs jusqu’à la fin du match qui voit enfin, de justesse, les Verts marquer le but libérateur sous les acclamations.

Et c’est le retour aux vestiaires, les joueurs s’échelonnant en file comme encordés, les uns exaltés par la victoire, les autres déçus , un peu penauds, tous cependant heureux d’avoir disputé un beau match.

 

Monique Armando :

Sacrée soirée

       Ce soir, match de rugby France-Angleterre retransmis sur TF1. Donc, repas-plâteau devant la télé. Mes deux adolescents sont déjà installés avec leurs copains.

        Mathéo, tout excité, sent l'adrénaline monter car il joue au rugby dans l'équipe du village. Il connaît toutes les règles du jeu. Il suit tous les matchs de l'équipe de France rugby et foot car il aime les sports collectifs. In nous raconte les prouesses de "ses" champions. Et pendant le match on n'entend que lui: «Yes!» quand ils marquent un but... ou alors «L'arbitre est nul, il vient de siffler un hors-jeu contre nous!».

        Ethan est moins excité que son frère. Lui il préfère les sports individuels ou d'équipe. Il fait du cyclisme et de l'escalade. Aime l'effort et veut toujours prouver qu'il est le meilleur. Quand son équipe fait une échappée, il se donne à fond sur son vélo et ne ménage pas l'effort quand il est encordé en haute montagne. Il a un mental de fer.

        Et voilà la mi-temps. Nous perdons 23 à 24! Pendant que les joueurs vont aux oranges les garçons refont le match en mangeant les crêpes faites pour la circonstance.

        Mais ce n'était qu'un faux départ. La deuxième partie du match est plus musclée. Alors que les médias voyaient nos "Bleus" perdants, ils ont gagné 30 à 33!

        C'est la joie dans la maison! J'adore ces soirées"rugby ou foot" avec les Jeunes si enthousiasmés.

 

Bernadette Larrère :

       Comme un champion il s'est attaqué à rendre sa copie très vite.
       Mais c'était sans compter avec le stress et après un
faux départ à vive allure, poussé par l'adrénaline il a dû se résoudre à jouer collectif et à accepter d'aller aux oranges pour ne pas être hors-jeu
       C'était une
prouesse pour lui car il a forcé son mental à s'encorder afin d'échapper aux démons qui le poussaient à faire toujours tout, "TOUT SEUL "… 

 

Roseline Demurger :

Quelle épreuve !

       A l'approche des Jeux Olympiques en France, il ne se passe pas un jour sans qu'on évoque à la radio, à la télévision ou dans la presse un champion connu ou plus anonyme qui pourrait éventuellement nous rapporter une médaille. Ils nous font le récit de leur préparation, de leurs espoirs et de leurs craintes. Un jour c'est un sprinter qui redoute le faux départ entraînant la disqualification, le lendemain c'est un handballeur qui veut rester modeste et met l'équipe et le collectif en avant puis arrive le cycliste qui rêve d'être dans la bonne échappée, celle qui lui permettrait d'atteindre le podium.

       D'anciens compétiteurs viennent aussi commenter leurs participations passées tel ce footballeur qui ne se remet toujours pas de ce but qui aurait pu être décisif et qui lui fut refusé pour un hors-jeu de quelques centimètres. En rentrant au vestiaire pour "aller aux oranges ", il se souvient encore qu'il les avait trouvées particulièrement amères.

       D'autres disciplines moins connues vont faire leur entrée aux Jeux comme le breakdance et le skate board. Les plus brillants représentants de cette spécialité accomplissent des prouesses sur les pistes en multipliant les acrobaties afin de gagner leur sélection.

       Des acrobaties et des contorsions ce sont également ce qu'exécutent les grimpeurs qui se lancent à l'assaut de blocs de rocher abrupts et de murs d'escalade dont les prises échappent à leurs mains et qui se retrouvent brutalement en bas. Heureusement, ils sont encordés et bénéficient ainsi d'un minimum de sécurité. Ils doivent malgré tout avoir un mental à tout épreuve pour recommencer inlassablement ces ascensions jusqu'à réussir dans un minimum de temps à atteindre le sommet.

       Tous ces sportifs et sportives célèbres ou encore dans l'ombre, ceux qui ont glané plusieurs médailles, ceux qui en espèrent, tous évoquent la montée d'adrénaline qu'ils ressentent avant de se lancer dans la compétition.

       Tous voudraient conquérir le Graal olympique, mais il y a peu d'appelés et encore moins d'élus pourtant ils y croient, feront de leur mieux et nous les soutiendrons. De toute façon le baron de Coubertin n'a-il pas dit : l'important c'est de participer.

       Malgré tout gagner c'est encore mieux… 

 

Marie-Françoise :

Vœux épiques

D'un pas élastique
Sur leurs bâtons obliques à gantelets ergonomiques,
Sans
s'encorder, concentrés et stoïques
En évitant les risques sur les sentiers à pic
Parfois chaotiques ou merdiques,
Leur
mental faisant fi des caprices météorologiques,
Traversant lors de belles
échappées, campagnes bucoliques
Forêts féeriques ou paysages rustiques
En se protégeant des tiques, moustiques
Et autres taons qui piquent,
Dans une forme pas forcément olympique
Mais toujours tonique et dynamique
- c'est très physique -
Après quelque
prouesse entre deux haltes hydriques
Pour
aller aux oranges ou autres agapes d'anniversaire caloriques
Accessoirement photographiques
Ou parfois pudiquement "techniques",
Au rythme cadencé, synchrone et métallique
Des tapés de bâtons qui cliquent
Sur quelque voie romaine antique 
Peut-être même anciennement celtique,
Sans
faux départ, d'un élan collectif, énergiques 
Et athlétiques dans leurs tenues thermiques,
S'avancent les Marcheurs Nordiques
De Luxeuil Athlé 70,
champions sympathiques
Et toujours pacifiques
Parfois même euphoriques, mais jamais excentriques,
C'est fantastique !

Sans poussée d'adrénaline, sans hors-jeu, ni hic 
Ni autre chute catastrophique
Qu'ils franchissent sans panique
Et avec bonne humeur et joie ludique
En des mille et milliers de pas héroïques
Les trois cent soixante-six jours de cette année 2024, unique
Car bissextile, c'est logique,
Mais aussi… Olympique !
                                                
Melric Ouellehic

 

Jeanne Parat :

       Sport en fauteuil... roulant; handicap et vieillesse obligent.
       Sport dans son fauteuil, sédentaire, devant la télé avec "l'équipe".
       Sport plus ou moins actif, en salle, en cabine, en club, sur le terrain, en pleine nature...
       Sport occasionnel, ponctuel ou en préparation d'exploits prestigieux avec ou sans matériel approprié... 
       Pour tous, l'adrénaline est là, et la devise des futurs jeux olympiques et paralympiques (
XXXIIIèmes olympiades) qui se tiendront à Paris du 26 juillet au 11 août et jusqu'au 7 septembre 2024 le confirme:
       "Plus haut, plus vite, plus fort"
       Exploits ou entretiens sportifs officiels ou officieux individuels ou
collectifs, y a t'il mieux pour l'apprentissage, la concentration, le bon fonctionnement des neurones, du mental, le bien vivre et le bien vieillir?
       Quarante-sept disciplines sont inscrites pour les jeux, avec les meilleur(e)s athlètes venu(e)s du monde entier, ayant fait le choix de leur sport suivant leurs capacités physiques, leurs
prouesses, leurs envies, leur terroir, exigences et spécificités.
       Les favori(te)s qui
se sont encordé(e)s seront à Paris en compétition veillant aux rythmes imposés, aux pénalités, aux faux départs, aux hors-jeux, pour arriver aux échappées... belles.
       Ils ou elles auront un but, arriver à faire face aux situations imposées et gagner une place, la meilleure, voir la médaille d'or, d'argent ou de bronze.
       Devenir
champion, c'est du travail mais la prouesse est là grâce peut-être, un peu, à la vitamine C prise au vestiaire à la mi-temps, quand ils disent "aller aux oranges" pour reprendre des forces après avoir fourni des efforts!
       Chacun de nous peut être son petit
champion. Le sport est exigeant mais bénéfique.
       Il n'est pas là que pour forger nos muscles (bien que!) mais aussi pour favoriser nos capacités intellectuelles (précision, rapidité, respect des données, détermination, stress à gérer face aux contraintes, apprentissage, visualisation, concentration, souplesse cérébrale).
       Tout au long de mon chemin, j'ai essayé de me tenir à un certain entraînement dans l'effort, ne serait-ce que par amusement, et à me fournir mes propres défis: Danses folkloriques et de salon, chant choral, jeux de salle (ping-pong...), volley et hand ball. De très longues années de ski alpin dont l'entraînement avec des handicapés physiques, des raquettes, de multiples et de
longues marches sac au dos, du vélo, yoga, gymnastique pilate... Sans oublier le sport cérébral individuel ou collectif (dont le Café littéraire) avec une passion pour l'écriture.
       «Le sport est l'art par lequel l'homme se libère» disait Giraudoux.
       Et le moins cher du marché ?

 

Intelligence artificielle
sollicitée par Hildegard Thorand
:

Un jeu inoubliable

Dans l'effervescence d'un stade électrique, l'adrénaline pulsait dans les veines des joueurs, chacun prêt à livrer une prouesse mémorable. C'était le jour du grand championnat de football, où l'esprit collectif se mêlait à l'excitation individuelle. Les équipes se préparaient pour cette échappée vers la victoire, mais le parcours était semé d'embûches, de faux départs et de moments hors-jeu.

Au coup de sifflet initial, les joueurs se précipitèrent sur le terrain comme des champions en quête de gloire. Leur mental était aussi crucial que leurs compétences techniques. Les supporters, tels des orchestrateurs passionnés, encourageaient leur équipe à aller aux oranges, à se ressourcer et à planifier la suite.

Au fil du match, le jeu se révéla intense et imprévisible. Les tactiques collectives étaient mises à l'épreuve, chaque équipe cherchant à s'encorder solidement pour contrer les assauts de l'adversaire. Des moments de tension extrême surgissaient, avec des échappées rapides et des défenses acharnées.

Dans les dernières minutes, un joueur se distingua par une prouesse individuelle, contournant habilement la défense adverse. Malgré les doutes et les obstacles, il réussit à marquer le but décisif, propulsant son équipe vers la victoire. Le stade explosa de joie, célébrant non seulement le talent individuel du joueur, mais aussi l'esprit collectif qui les avait portés vers le triomphe.

Ce jour-là, le championnat de football ne fut pas seulement un spectacle sportif, mais une leçon de persévérance, d'esprit d'équipe et de dépassement de soi. Les joueurs repartirent du terrain avec la satisfaction d'avoir écrit une page mémorable dans l'histoire du sport, et les supporters continuèrent à vibrer aux exploits de leur équipe, emportant avec eux l'excitation et l'émotion de cette journée inoubliable.

 

 

 

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2023 :

Dix mots à retrouver dans la grille de mots croisés. Ils se déclinent cette année sur le thème du « temps » autour du slogan
« Dis-moi dix mots à tous les temps ! » 

 


Grille proposée par M-F G
(
Solution en bas de page)

Horizontal : 
I
- Aurore - Paturage. II - Montand pour les intimes - Bien visé - Honneur aux poissons. III - Insatisfaits - Marque d'origine allemande - Sel astringent. IV - Arsenic - Cadencer - Légendaire ville bretonne. V - Agrémenta - Accès d'humeur -Immatriculation d'un émirat arabe. VI - Onomatopée horlogère - Douloureuse obstruction. VII - Facilite le placement - En mauvaise saison - VIII - Entre Chine et Russie - Pour un échange d'email. IX -Immatriculation coréenne - Offre de remboursement - Assombris. X - Distance incommensurable. XI - Donne la fièvre - Extérieur à notre moi - Allées ou vaisseaux. XII - Posé à la feuille et au pinceau - Partie du globe. XIII - Prend la fuite (s') - Excès. XIV - Doublé pour un genre musical - Mal dégrossis - Période de maturité.

Vertical 

1Prestement - Commune de Meuse ancienne. 2 - Ne tiennent parfois qu'à un fil - La vallée de Lucy - Traverse Alençon. 3 - Urgence médicale absolue - Roi de Bohème. 4 - Abondant - Travail. 5 - Se fait en même temps - Tell al-Muqayyar. 6 - Personnel - Tante ou Jacques - Sans originalité. 7 - Cri admiratif - Pas fausse - Einsteinium, hespérium ou ékasilicium. 8 - Écime mal - Ste Lucie ou ligament. 9 - Manifester sa hargne - Fêtes mondaines. 10 - Épurateur - Marceau ou Mouloudji - En mer Égée. 11 - Psittacidé des forêts humides de l'écozone néo-tropicale - Faire peu et mollement. 12 - Petite Élisabeth - Dans l'erreur - Déesse mère. 13 - Temps d'une action passée par rapport à une autre. 14 - Solidement établies - Village et rivières des Pays-Bas.

année-lumière, déjà-vu, lambiner, tic-tac, synchrone, plus-que-parfait, dare-dare, rythmer, avant-jour, hivernage

Allions ces mots au thème
Frontières du Printemps des poètes 2023 

 

Marie-Françoise :

       Cette impression de déjà vu à la frontière de l'avant-jour, alors que sont encore à lambiner les derniers pans du rêve que ne cesse de rythmer le tic-tac de l'horloge murale, synchrone, plus que parfait moment ralenti d'hivernage, cocon douillet au creux d'années-lumière qui dare-dare filent dans le grand univers qui roule sans relâche dans l'infini des temps.

 

Marie-Claude Holder:

       Dans l'avant-jour de notre naissance, l'univers existait déjà depuis bien plus d'une année-lumière.
       Levons-nous
dare-dare pour ne pas lambiner dans l'hivernage de notre existence, protégeons-nous du tant de fois déjà vu de la violence du monde. Le souffle de notre vie est un battement synchrone à rythmer avec celui de notre cœur. Laissons-nous bercer par le tic-tac précieux de la vie en rêvant d'un univers presque parfait

 

Bernadette Larrière : 

       Juste avant-jour je termine le roman d'Antony DOERR "La cité des nuages et des oiseaux" qui m'a passionnée. C'est un roman parfait, même plus-que-parfait, d'après moi. Les personnages sont inoubliables, loin du déja-vu; leurs destins se trouvent liés par un mystérieux livre de la Grèce Antique qui évoque Diogène... L'auteur, américain d'une cinquantaine d'années, m'a entraînée de Constantinople au 15 e siècle à des années-lumière dans un vaisseau spatial tout en mentionnant les temps actuels. Je n'en finissais pas d'être transportée dans ces histoires croisées... Mais il faut bien retomber dans la réalité et reprendre le rythme quotidien, surtout ne pas lambiner! Le tic-tac du réveil me sort de ma rêverie et me voila synchrone avec le programme d'une journée de février qui commence. Aussi je vais aller dare-dare, et bien malgré moi retourner en hivernage...

 

Hildegard Thorand :  

       Ma vie était plus que parfaite, non, disons presque parfaite. Après le baccalauréat, j'ai fait des études de droit et j'ai travaillé comme avocate. Je me suis mariée avec un homme dont j'étais déjà tombée amoureuse pendant nos études, il a lui aussi travaillé comme avocat.

       Mais ensuite, les conditions pour les femmes dans notre pays sont devenues insupportables. On m'a empêchée d'exercer mon métier, je n'avais plus le droit de conduire, je ne pouvais plus rien faire sans l'accord de mon mari.

       Après mûre réflexion, nous avons quitté notre pays natal et nous avons atterri en France.

       Maintenant, il faut que j'apprenne le français au plus vite, il ne faut pas que je lambine. Je dois progresser dare-dare pour pouvoir travailler en France.    Comme avocate ? Il n'y a pas que les lois qui sont très différentes. Est-ce que je vais devoir reprendre mes études ? 

       Parfois, il me semble qu'il y a des années-lumière que j'ai commencé à apprendre le français à l'école, mais cela ne fait que 8 ans.

       Parfois, j'ai des impressions de déjà-vu. Mais la plupart du temps, je cherche des mots. Comment s'appelle la période du jour qui procède au lever du soleil ? C'était l'aube, l'aurore, l'avant-jour? Ou l'hivernage, qu'est-ce que c'est?

       Dans ma tête, ça fait tic-tac, tic-tac, toujours tic-tac, tic-tac, comme un métronome qui bat la mesure d'une mélodie, qui rythme un air, synchrone.

       Si ça continue, je vais devenir folle et je n'atteindrai pas mon but. Mais il n'y a pas de retour en arrière possible..

 

Roberte Burghard :

Randonnée

       La file des randonneurs s'étirait dans les derniers mètres de prairie. Dans l'avant-jour qui éclaircissait à peine le ciel, la forêt constituait une masse encore très sombre. En y entrant, la petite troupe prit conscience de tout un monde qui s'éveillait. On percevait des bruit confus de fuites, de bruissements d'ailes et, régulier, le tic-tac du pic-vert en quête de son déjeuner, les froissements de petits mammifères sortis de leur hivernage et s'éloignant dare-dare de ces importuns, ou encore, l'écho des sabots rythmant la fuite d'un cerf ou d'un chevreuil au loin.

       Sans lambiner les marcheurs, frappant le sentier de leurs bâtons synchrones, s'éloignaient de ce décor déjà-vu en quête d'un monde un peu plus secret, à une année-lumière des villes bruyantes, en quête d'un monde plus que parfait peut-être.

Marie-Françoise :

Centon aux dix mots*

       J'entends les conques profondes et les clairons militaires rythmer le vol des avirons
       Enfin, enfin ! nous arrivons ! Oh ! nous avons pris notre temps, nous avons louvoyé, caboté,
lambiné. Maintenant nous arrivons.
       Les canots majors volaient sur l'eau; six ou huit paires d'avirons, rigoureusement
synchrones, leur donnaient des ailes brillantes qui jetaient au soleil, toutes les cinq secondes, un éclair et un essaim de gouttes lumineuses.
       Et lorsque par ses fenêtres elle a vu l'aube et l'
avant-jour, infusions de lumières qui surexcitent l'espoir... Ses beaux seins effarés, au tic-tac de son coeur, tremblaient et palpitaient, comme deux tourterelles surprises dans le nid, qui font un grand bruit d'ailes entre les doigts de l'oiseleur.
       Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles?
       Milliers d'
années-lumière au fond d'un verre et cette vie perdue cette vie à trouver au-delà d'être là Au fond d'un verre le tremblement des temps avait un visage d'homme sans visage et sans dire il disait des mots de fou des mots de fou de vous de nous des portes au large dans la pluie
       Et quand s'éveilleront du haut des citadelles tant de veilleurs sortis d'un terrible
hivernage Est-ce qu'ils se mettront dare-dare à déraisonner?
       Tu as tort de nier des choses révolues et parfaites
       J'ai
déjà vu le soleil bas taché d'horreurs mystiques illuminant de longs figements violets, pareils à des acteurs de drames très antiques, les flots roulant au loin leurs frissons de volets J'ai déjà vu des archipels sidéraux ! Et des îles dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur.
       L'
avant-jour est un lac de vin d'or Aujourd'hui, et pour tous les temps qui vont venir, ma liberté n'a plus de frontières
       Le présent, qui revient là pour un vers ralentit, puisque le commencement est à l'imparfait, il faut un
plus-que-parfait.  

*Centon : nom masculin (du latin cento, -onis, vêtement rapiécé) 
Définition : Pièce de vers ou de prose dont les fragments sont empruntés à divers auteurs ou à diverses oeuvres d'un même auteur.
          Composé ici avec des emprunts à :  Alex Abouladze (L'espace vide) - Jacques Audiberti (Quoat-Quoat) - Albert Camus (Caligula) - Anatole France (Révolte des anges) - Théophile Gautier - Arthur Rimbaud (Le bateau ivre) - Stéphane Mallarmé - Charles Péguy (Eve) - Jules Romains (La vie unanime / Hommes de bien) - Paul Valéry (Alphabet / Variétés) - Gustave Flaubert (Correspondances)
merci à eux !

 

Roseline Demurger :

La relativité du temps (perdu)

      Dans nos régions le long temps d'hivernage s'écoule péniblement. Rien ne semble devoir perturber l'ordre établi.

       Ce matin-là je m'étais levée dès l'avant-jour avec un programme tout tracé qui paraissait parfait et même plus que parfait : ranimer le feu, préparer le petit déjeuner, remonter la pendule dont j'ai toujours entendu le tic-tac rythmer nos existences.

       Même si tout cela a un air de déjà-vu, j'effectue ces tâches dare-dare sans lambiner. Je jette un oeil sur ma montre, mais bizarre, ses aiguilles ne sont pas synchrones avec celles de la pendule.

       Étonnement. Réflexion... Mais oui! le changement d'heure a encore frappé et je suis la seule victime de la maisonnée!

       J'ai donc une heure à combler avant le réveil des autres. Je m'installe au coin du feu et très vite je me mets à rêver d'une contrée à des années-lumière d'ici où il n'y aurait plus d'hiver, plus d'horaire, peut-être le paradis... Mais un bruit d'enfer me tire de ma torpeur, une cavalcade dans les escaliers. Une heure ça passe et ça se dépasse vite... Je n'ai réveillé personne et maintenant tout le monde est en retard!  

 

Monique Armando :

Un rêve étrange au "plus-que-parfait"

       L'avant-jour filtre derrière mes volets. Je lambine encore un peu dans mon lit, bercée par le tic-tac du réveil. Mon étrange rêve trotte encore dans ma tête.

          "J'étais à des années-lumières au plus que parfait de mon enfance. J'étais dans les bras de mon père qui m'apprenait à nager dans la rivière qui coule derrière notre maison. Les vaches qui finissaient leur hivernage faisaient partie du décor. Qu'il était difficile de synchroniser le mouvement de mes bras et mes jambes et de rythmer ma respiration."

       Je me réveille bouleversée par ce rêve qui me frappe comme un film déjà-vu.

       Dring! Dring! Oh! l'alarme du réveil... Ce n'est plus le moment de rêvasser. Je me lève dare-dare, cours sous la douche, avale mon café et file prendre le bus qui m'emmène au travail.

 

Hildegard Thorand :

      C'est dimanche soir. Nous avons passé un bon week-end. Nous sommes allés au planétarium avec notre petit-fils, nous avons parlé de la façon dont les planètes rythment notre mode de vie, du fait qu'une année-lumière n'est pas une unité de temps mais une unité de distance pour nous, les adultes, c'est du déjà-vu    nous avons flâné sur le marché de Noël puis nous avons traîné à la maison, nous avons pris notre temps, nous avons louvoyé, caboté, lambiné.

       C'est dimanche soir. Nous avons passé un bon week-end, oui. Mais j'avais prévu encore tant de choses. Pourquoi je parle au plus-que-parfait, le week-end n'est pas encore terminé ! Si, je suis fatigué, j'ai une semaine chargée devant moi, il faut que j'aille me coucher! Le week-end est terminé!

       Nous sommes lundi au petit matin. C'est l'hiver je n'aime pas trop la saison hivernale. Les animaux ont fait des réserves pour assumer l'hivernage. Et moi? Pas de réserves d'énergie. Comment vais-je survivre à l'hiver?

       Nous sommes lundi au petit matin. Les réveils sonnent , le mien et celui de mon mari synchrones, leur tic-tac continue inexorablement. Maintenant, il faut se lever, très vite, dare-dare. Allumer la lumière, c'est encore l'aube, l'avant-jour,  il fait froid…

       La semaine démarre, il est préférable d'en faire le meilleur usage! Et le prochain week-end ne manquera pas d'arriver!

 

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2022 :

Dix mots à retrouver dans la grille de mots croisés. Ils invitent au plaisir et à la surprise et mettent un époustouflant désordre dans notre amour de la langue française avec le thème:
«Dis-moi dix mots qui (d)étonnent ! »

 


Grille proposée par M-F G
Solution en bas de page)

Horizontal : 
I
– Dans un canon – Qui s'ajoutent. II – A toute la vie devant lui – Refis la faute. III – Antibiotique – Coup de main. IV – Sorgho égyptien – Au coin du mur – Agent de conserve. VSpoiler. VI – Irakienne autrefois – Maître d'œuvre – Au dessus du sol. VII – Mesure informatique – Font six – Vainquais – VIII – Situe – Railler – Ravissement. IX – Enquiquina – Entente franco-allemande – Question d'emplacement. X – Bison d'antan – Opte mal – Langage parlé complété. XI – Zone – Dans un supertanker. XIISidérant. XIII – En tête de liste – Drain – Intolérance au glucose. XIV – Prouve-moi que je ne rêve pas ! ou  Surprends-moi sur le fait ! - Blanc poétique.
Vertical 
1 – Certification biologique – Belle citroën – Stupéfié . 2 – Pense-bête – N'est pas oui dire – Marche arrière. 3Atteint d'une grande sensation de bonheur - À l'abri du regard. 4 – Précieuse boîte – En sous sol – Personnel. 5 – Rafraîchis – Ouïe du violon. 6 - À l'avant du dromadaire – Ville du Congo – Muet désemparé. 7Déphasé - Indique le premier rang. 8 – Glaçage anglais – Muet d'admiration – Contraire confus du 2ème du 2 vertical. 9Désordonné et assourdissant – Sur le flan. 10 – Aussi abrégé - Quote-part – Ville de Meurthe-et-Moselle. 11 – Membre viril – Essence de nos forêts – Marque l’étonnement, la surprise ou parfois l’ironie
ou onomatopée imitant le glapissement d'un chien qui a peur. 12 - Au col élargi – Coulée de lave hawaïenne – Emmaillote le 1er du 2 horizontal. 13Eh bien ça alors ! 14 – Piment des humoristes – Ficelle du métier.

  DÉCALÉ, DIVULGÂCHER, ÉBAUDI, ÉPOUSTOUFLANT, FARCER, KAÏ, MÉDUSÉ, PINCE-MOI, SAPERLIPOPETTE, TINTAMARRE   

Allions ces mots qui d' Étonnent
au thème de l' Éphémère du Printemps des poètes 2022 
en tentant de les insérer dans de courts haïkus :

 

Hildegard Thorand :

 

Roman policier,
la Bretagne en plein été,
pas
divulgâcher.

 

Des gens ébaudis,
paysage
époustouflant,
c'est le paradis.

 

Saperlipopette !
Deux jeunes femmes la gorge tranchée.
Les gens
médusés.

 

Des agitations,
l'hélicoptère
tintamarre,
beaucoup de questions.

 

Très sûr de lui,
pince-moi, le tueur se dit.
Il aime trop
farcer

 

Kaï ― Réponses rapides
par des méthodes
décalées
des gens pas stupides

 

Roberte Burghard :

 

Un ciel bleu d'azur
Un bateau blanc sur la mer
Un rêve éveillé !

 

Quelques chants d'oiseaux
Saperlipopette !
Le jour est levé

 

Je suis médusée
La Russie entre en Ukraine
Que faut-il penser ?

 

Quel tintamarre !
Un canard endiablé
Parcourt la cité.

 

Le fildefériste
Se risque au dessus du vide
C'est
époustouflant !

 

Un bon feu dans l'âtre
Douce musique en sourdine
Un dimanche "cocoon" !

 

 

Marie-Françoise :

 

La neige du coucou
blanches les fleurs du prunus
― le temps
décalé

 

Vol époustouflant
noir et blanc,
― sur le pommier
se perche la pie

 

Saperlipopette !
grand
tintamarre en forêt
du geai dérangé

 

Pivert ébaudi
trille dans la ramure,
― et moi
ébaubi

 

Chien gai qui folâtre,
frelon d'automne qui vrombit,
― et pique, ―
kaï ! kaï ! kaï !

 

Sa queue en panache
l'écureuil
épouvanté
agite ― me
farcer

 

Pas divulgâcher
chevreuils à la reposée;
― chasseur à l'affût

 

Hourvari du cerf;
chiens en défaut
médusés,
chasseurs dépités

 

Héron nonchalant
arpente la rive de l'étang
― Si je rêve,
pince-moi !

 

 

 

Roseline Demurger :

Récit décalé
ne pas le
divulgâcher
rester
médusé

Saperlipopette
Ah ! épatant
tintamarre
ébaudi je suis

Kaï ! pince-moi fort
Kaï ! Kaï ! Kaï ! époustouflant
Kaï ! Kaï ! la belle farce

Farce époustouflante
la méduse est
médusée
fin du
tintamarre

*

Kaï ! Pince-moi ! Quel tintamarre pour cette farce décalée. J'en suis tout ébaudie voire même médusée. C'est époustouflant. Mais saperlipopette, je ne vais pas tout divulgâcher.


Bernadette Larrière :

Je suis ébaubi
Sa naissance me ravit
Époustouflante

Quel tintamarre
Il a tout
divulgâché
Saperlipopette

Rit et pince-moi
Kaï ! À force de me farcer
Ce ton
décalé

L'été vient bientôt
Jolis cerisiers en fleurs
Je suis
médusée

 

Monique Armando :

     Le discours

       Mais je rêve ! Pince-moi !
       Je suis
médusée par ta réaction. 
      
Saperlipopette ! Pourquoi tout ce tintamarre pour si peu de choses? 
       Bon... Pierre a
divulgâché ton discours... Et alors ? Il n'était pas époustouflant ton discours. 
       Arrête de pousser ces cris, on dirait des
kaï kaï de chien battu.
Tu sais que Pierre est un peu
décalé... Il a voulu te farcer tout simplement.
       Arrête de crier. Sois un peu
ébaudi car tout le monde t'a applaudi.

Monique Litzler :

Coccinelle

       Une invasion de coccinelles a envahi l'appartement. Je les ai expulsées par la fenêtre ouverte. Quelques-unes qui marchaient lentement sur le sol, je les ai écrasées sans les voir, kaï, kaï, kaï !
      
C'est époustouflant, il en reste une. Elle s'est divulgâchée au mois de décembre. Saperlipopette,  il y a de quoi être farcé et à la fois ébaudi
       Je suis médusée, elle escalade les murs, se repose sur les tuyaux.  Elle est souvent absente plusieurs jours et tout à coup réapparaît. Elle ne signale jamais sa présence par quelque tintamarre. Dommage!
      
Je la cherche.  «Coccinelle où es-tu?» J'inspecte les murs, le dessous du lit, la vitre, je ne la vois pas.
       Ah ! pince-moi ! Elle est sur le compotier blanc où pousse une plante d'eau, bien installée sur un petit bout d'étiquette resté collé. Elle dort ou se promène sur les petites feuilles. Va-t-elle se décaler, tomber dans l'eau?

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2021 :

Sur le thème : «Dis-moi dix mots qui (ne) manquent pas d'air ! »

Dix mots à retrouver dans la grille de mots croisés, comme autant d'invitations au voyage, à la réflexion, au plaisir, à la poésie. Laissez-vous porter par le souffle de votre imagination...

 


(Grille proposée par M-F G
Solution en bas de page)
Horizontal :
I
- S'envoyer en l'air - Blâme. II - Sèche-cheveux suisse - Fruit ou défenseur. III - Fumeux. IV - Pleurniche - Oscar Wilde y est né. V - Dans l'air du temps - Sceller pour un Pape. VI - Soustraire - Risqua. VII - Son Eminence - Dialecte grec - D'origine arabe.  VIII - Exhalaison. IX - Lithium - Plan de sustentation - Sur le golfe de Botnie. X - Abrupto, libris ou voto - Gonfler. XI - Protection - Refusé par l'anaconda.
Vertical :
1 - Feuille - Composant opto-électronique. 2 - Harpe africaine - Masque sur le toit. 3 - Mauvais rêve. 4 - Entre pneu et jante. 5 - Fait partie du poumon - Sorte de passoire. 6 - Huile anglaise - En espadrilles. 7 - Brame de travers - 5/6. 8 - Commune de l'Oise - Martin chez Jack - Flérovium. 9 - Fatiguer à l'extrême - Entre en confinement. 10 - Cent onze - Allemande nyctalope. 11 - Sorte de clef - Coupe au plus court - Entre deux lisières. 12 - En pierres pour abriter les bergers du Val de Bagnes - Trois chez le cheval.

 

Marie-Françoise :

       Hello ! Dulcinées du Café littéraire,
       Le temps n'est plus à
buller dans vos chaumières !
       Ne sentez-vous cette
fragrance, dans l'air
       De mars à tire d'
aile revenu ?

       Hello ! Dulcinées du Café luxovien,
       C'est le temps des transports
éoliens,
       Du
fœhn, du vaporeux, de l'aérien,
       Car voici le printemps revenu !

       Hello ! Dulcinées des Cafés amicaux,
       Aux circonvolutions de vos cerveaux,
       Il vous faut
insuffler la joie du renouveau,
       Et à toute
allure, décoller !

       Hello ! Dulcinées des Cafés (bientôt retrouvés?),
       Quittez vos
chambres à air trop confiné !
       Le temps est fini de ratiociner,
       Car voici celui des « dix mots » revenu !

       Alors, chères Dulcinées de nos plaisants Cafés,
       Prenez une grande inspiration, au propre comme au figuré !

       Évadez-vous ! Envolez-vous ! En pensée s'il le faut,
       Et à vos plumes pour « les dix mots » !

aile, allure, buller, chambre à air, décoller, éolien, foehn, fragrance, insuffler, vaporeux

Monique Litzler :

      Cela s'est passé à l'automne, dans un pays de montagnes, les Alpes, dans une pâture entre 800 et 900 mètres, au-dessus d'un village. 
      La bergerie à proximité. 
      Les moutons, brebis et agneaux paissaient tranquillement au   coucher du soleil, deux chiens étaient assis. 
      Le berger s'apprêtait à rentrer son troupeau. Il terminait son nettoyage quand il entendit des cris et un fracas, des aboiements et des bêlements. 
      Que déjà il savait : « Le loup !» 
La meute avait bien manœuvré ! Plusieurs brebis et agneaux étaient éventrés, même les chiens étaient blessés. 
      L'alerte fut donnée. Les gendarmes vinrent, même un hélicoptère finit par
décoller rapidement de sa base pour observer la zone. 
      Les gens du village étaient là, curieux ; même un cycliste roulant sur le bord du chemin caillouteux qui creva et réparait sa
chambre à air
      Le reste du troupeau s'était réfugié à l'abri. 
      Mais le berger était anéanti : «Si près, et si vite!» 
      Les gendarmes conclurent : «Ce sont des chiens errants. Les loups ne vivent pas au pied du village !» 
      «Avez-vous vu quelque chose ?» 

      Quelques mois plus tard, en plein hiver, Antoine, un écologue scientifique arriva avec difficulté au village enneigé. Y trouva un logis. 
      Il voulait enquêter sur le drame, réunir des preuves afin que le berger puisse être indemnisé. 
      Il visita les lieux, interrogea des témoins, pénétra dans la forêt proche à la recherche d'indices de la présence d'une meute. 
      Antoine ne trouva rien, malgré le temps passé: «Il se pourrait que la meute soit là-haut, à 1800 mètres, dans les sapins, près des champs d'
éoliennes, en ce moment leurs ailes sont gelées.»

      L'été revenu, Antoine et son collègue étaient à nouveau sur le terrain. 
      Ils avaient l'
allure de scientifiques yellowstoniens dernier cri, vêtements sportifs, matériel photographique, électronique, avec antennes et caméras. 
      Ce jour-là, à l'aube, le ciel était bleu et
vaporeux avec un léger foehn porteur de parfums, de fragrances
      Au début de leur marche, ne trouvant aucune trace après le bout du village, ils s'enfoncèrent dans la forêt. 
      Un couple était étendu sur des transats à
buller tranquillement. Eux, du loup, n'avaient aucune idée! 
      Tout était calme. Le lieu sûr. Pas de traces du loup, pas de carcasses. Mais des chevreuils, un sanglier, des genettes, une biche et des belettes ; très près, cachés, tapis.
      Ils fixèrent les caméras sur plusieurs arbres, d'une manière réfléchie, discrète, avec une mise en scène de feuilles, de branches. 
      Ils ne parlaient pas. Surtout ne pas
insuffler. Ne pas croire que cette forêt était vide. 
      Ils revinrent une dizaine de jours plus tard. Sur les prises des caméras, beaucoup d'animaux apparaissaient, mais pas de loup. 
      Ils en conclurent qu'il fallait monter plus haut, dans les sapins et les pâtures, aux 1800 mètres, car la meute s'était déplacée. 

Note : D'après La bête qui mangeait le monde (éd. Arthaud 2018), récit d'Antoine Nochy (1970-2021), philosophe écologue en gestion de la biodiversité, spécialiste de la cohabitation avec les animaux sauvages, a été formé à l'étude et à la gestion du loup par les scientifiques du parc national de Yellowstone.

 

Monique Armando : 

Vacances chez mamie et papy 

       ― Allez les enfants, aujourd'hui il fait très beau, allons passer la journée à la plage. 
       Chic ! Répond Mathéo . On y va en vélo, Papy a réparé ma
chambre à air
       Je prépare le pique-nique et nous voilà partis tous les trois, sac au dos,sur nos
VTT
       Papy préfère se reposer à la maison. 
       Nous roulons à fière
allure sur les sentiers aménagés. 
La terre réchauffée exhale des odeurs printanières et nous sentons les
fragrances iodées de la mer qui nous insuffle son énergie. 
       Nous rencontrons des panneaux, installés par les habitants de la Côte, « Non au parc
éolien ». Comme on les comprend ! Le paysage est si beau. 
       Nous nous installons dans une petite crique ou il n'y a personne que deux mouettes qui s'envolent à tire d'
aile à notre arrivée. 
       Après la baignade, Mathéo et Ethan jouent au cerf-volant et moi je m'étale au soleil. Je
bulle sur ma serviette et laisse mes pensées vagabonder. Je suis des yeux un vaporeux petit nuage poussé par le léger fœhn de mai. Le roulis des vagues finit par m'endormir... je décolle de la terre... 
      
Mamie ! On a faim ! 
       Je me réveille en sursaut et nous éclatons de rire tous les trois. 
       Après avoir dévoré notre casse-croûte nous profitons encore de la mer. 
       Ethan a repéré le stand d'un glacier et me regarde d'un air malicieux... J'ai compris le message ! 
       Avant de reprendre nos vélos, nous dégustons une bonne glace et nous rentrons à la maison un peu fatigués. 
       Les enfants sont heureux de raconter à papy leurs bonne journée. 
       Et moi, j'écrirai cette petite escapade dans le livre des souvenirs heureux.

 

Roberte Burghard :

Le printemps est arrivé

       Le printemps est arrivé 
       Sors de ta maison..... 
       Oui, le printemps est arrivé tout d'un coup, à toute
allure.    Sens-tu ces senteurs vaporeuses apportées sur l'aile du vent?   Entends-tu tous ces gazouillis dans les buissons du jardin? 
       Sors de ta
chambre à air trop longtemps confiné. 
       Laisse-toi frôler par ces souffles
éoliens, doux zéphyrs, fœhns venus du sud, chargés de toutes les fragrances cueillies aux quatre horizons pour nous insuffler une énergie nouvelle. 
       Vois toutes ces fleurettes qui s'épanouissent timidement dans les prés ou les pelouses. 
       Observe la mésange
décoller du bord du toit pour chercher la brindille de son nid futur. 
       Pousse la chaise longue sous le cerisier en fleur où tu pourras
buller au doux soleil tamisé par sa floraison parfumée. 
       Le printemps est arrivé 
       La belle saison ! 
       La, la, lalala....

 

Bernadette Larrière :

AVRIL 2021 

En vélo, par le fœhn, il a l'impression de décoller, d'avoir des ailes, tout en roulant à bonne allure, la chambre à air sur les épaules en cas de crevaison... parce qu'il n'avait pas pris le temps d'acheter des sacoches, ayant préféré buller toute la journée d'hier!!!
       Au bout de quatre heures à un train d'enfer la beauté du paysage lui
insuffle l'idée de s'arrêter au bord du lac pour mieux l'admirer, en respirer les fragrances, et peut-être repérer un coin de pêche...
       Fatigué par ces kilomètres à pédaler, après un petit pique-nique, il s'installe pour un temps de repos. Bercé par le «chant» des
éoliennes proches il s'endort et en rêve voit arriver une jolie jeune fille dans une robe vaporeuse...
       Hélas, il est ramené à la réalité car le vent chaud du matin a tourné et il est obligé de rentrer avant l'orage qui s'annonce.

 

Hildegard Thorand :

En parfaite harmonie 

Élise, dans sa salle de bains, son fœhn * à la main, rêve … 
Une journée extraordinaire est en vue. Enfin ! 
Elle souhaite avant tout visiter le parc
éolien off-shore, passer quelques heures en bullant sur la plage, profiter du beau temps, 
mais surtout jouir de la présence de Raphaël… 
Elle voudrait avoir belle
allure. Elle choisit un chemisier vaporeux blanc, se décide à porter la fragrance (féminine et masculine) Burberry London, l'essence même de l'élégance britannique, qui lui donne des ailes et qu'il aime tant. 
Le regard dans le miroir lui
insuffle une atmosphère de fête. 

En même temps: 
Raphaël, dans sa salle de bains, son
fœhn à la main, rêve… 
Une journée extraordinaire est en vue. Enfin ! 
Il souhaite avant tout visiter le parc
éolien off-shore, passer quelques heures en bullant sur la plage, profiter du beau temps, mais surtout jouir de la présence d'Élise… 
Il voudrait avoir belle
allure. Il choisit une chemise vaporeuse blanche, la fragrance Burberry London, qu'elle aime tant. 
Le regard dans le miroir lui
insuffle une atmosphère de fête. 

Dans la cour l'automobile de collection de la marque Bentley les attend. La voiture est soigneusement restaurée. Il y a quelques jours, Raphaël l'a révisée, heureusement, parce qu'il a dû réparer une chambre à air (avec une rustine et de la colle vulcanisante). Il aime de tels travaux. 

Élise et Raphaël se retrouvent dans la cour. 
Comme elle est toujours belle ! Comme il est toujours beau ! 
Et ils montent en voiture et
décollent fêter le cinquantième anniversaire de leur mariage en passant une journée extraordinaire ensemble.

En parfaite harmonie !!

*Helvétisme : foehn est synonyme de sèche-cheveux en Suisse

 

Marie-Claude Holder :

Migrants sur Mars. Persévérance 84

       Nous avons pu décoller sans retard de la Terre.
       Notre vaisseau  a traversé à folle
allure, à la vitesse de la lumière, l'espace infini du temps. Il nous a  fallu à peine quelques minutes pour entrevoir enfin dans un lointain vaporeux notre future demeure  sur la planète rouge; c'était de loin  un gigantesque anneau de vie transparent qu'il faut vous  imaginer comme une sorte d'énorme chambre à air spatiale posée à même le sol... 
       Cet étrange logis où nous sommes maintenant confinés, s'avère somme toute très confortable pour  vivre et travailler (ici, on dit: «
buller»).
       C'est un habitat réversible. Un système
éolien avec une seule grande aile blanche, mais très perfectionné, vient nous insuffler l'air que nous respirons; il capte dans l'espace un flux glacial qu'il tempère  par effet de fœhn.
       Il nous diffuse même à la demande, dans nos moments de doute, une douce
fragrance «Planète  bleue», pour la nostalgie...

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2020 :

Sur le thème : "Dis-moi dix mots au fil de l'eau"

Découvrons-les en deux grilles de mots croisés auxquelles ils sont communs :

Grille A :

Horizontal :
I
– Forêt des marais.  II – Regagnent leurs pertes.  III – Sodium – Arturo – Dix-neuvième chez les grecs.  IX – Fragment de seconde – Lieu de repos à rebours.  V – Deuxième arcane – Deux sur cinq.  VI – Fils d'Enée – Patinoire quand il gèle.  VII – Coule aisément.  VIII – Se réalise à l'eau sur du papier.  IX – Précède la fouille – Condiment renversé.  X – Suit la théorie – Moitié d'émigrette –
Au large des côtes aunisiennes.  XI – Noyer.

Vertical :
1 – Pétillant chez les Belges.  2 – Pièce architecturale – Ouverture de la pêche.  3 – Plongeuse en apnée du Japon – Bruit d'une chute dans l'eau.  4 – Prière abrégée – Fleuve côtier normand – Mauvaise posture de yoga.  5 – Chaumes – Commune de Galice.  6 – Verser des larmes de crocodile.  7 – Rivière de Russie – Mauvaise taule.  8 – Peut être absolu ou suspensif – Jeune tête en Aquitaine.  9 – Équidé tête en bas – Courte, brusque et qui mouille.  10  – Protège les berges – Monsieur anglais.                 
                                               

Grille B :

Horizontal :
I
– Souple, ondoyant – Contredanse.  II – Termine son cours à Gravelines – Aunée.  III – Celle d'Henriette-Anne d'Angleterre est célèbre.  IV – À la dérive.  V – Entrent dans l'esquif – Le fermium.  VI – Mariasses.  VII – Introduit un ajout – Protecteur des troupeaux.  VIII – Lieu d'affrontement.  IX – Vite avaler.  X – Nous plaignons chez les Portugais.  XI – Quart de sou – Schulman.  XII – Mie en miette – Souvent en écusson.  XIII – Blancs ou clairs.

Vertical :
1 – Ruisseau de l'Aude – Ses pigments sont transparents.  2 – Article – Arrivé – Prénom féminin arabe.  3 – Un oued l'alimente – Messagerie proposée par Google.  4 – Manière de couler.  5 – Transaction anglaise – Ouvre des possibles – Pluie soudaine.  6 – Rang indéterminé – Période chaude – Non substituable.  7 – Utilisa – Enjoué en Belgique.  8 – Splash – Pleines de vie.  9 – Pour séparer la paille du grain – Écosystème terre-mer. 

(Grilles proposées par M-F G)
Solutions en bas de page)

 

aquarelle, à vau-l'eau, engloutir, fluide, mangrove , oasis , ondée, plouf , ruisseler, spitant  

 

Danielle Auberjet :

Covid-19

       Tu es là, tout petit, présent parmi nous, dans tous les pays et tous les continents. Tu te réfugies aussi bien au cœur d'une mangrove que dans les oasis. Tu es spitant comme en Belgique où tu te trouves également. Fluide, tu deviens ondée et tout va à vau-l'eau.
      
Que veux-tu ? Nous engloutir à jamais ? Tu n'épargnes personne. Peux-tu me dire quand tu décideras de partir ? Je ne désire pas faire le grand plouf.
      
Mais tout a une fin, bientôt ta pandémie s'arrêtera. Notre confinement cessera. Autrui tout comme moi pourrons ensemble admirer aussi bien l'aquarelle qui orne notre salon que l'eau qui continue de ruisseler dans le jardin.
      
Recule vilain Virus ! Adieu, et ne reviens jamais !
      
Alors le bonheur et la félicité résonneront dans nos cœurs et nos chaumières. Alors nous pourrons rire, sauter, virevolter et remercier tous ceux et celles qui nous auront permis de souffler, de respirer en oubliant savon et masques.

 

Jeanne Parat-Didier :

Au fil de l'eau

       Engloutir, engloutir, engloutir! N'est-ce pas le maître mot de tous ces gens de pouvoir et d'insatisfaits de la vie qui n'en ont jamais assez; avides de tous biens au détriment du ou des biens d'autrui ou de leur bien-être? Le striatum, la partie la plus ancienne du cerveau, est un organe insatiable qui réclame toujours plus de dopamine, liée au confort, à la nourriture et au pouvoir. 
       Mais qu'en est-il de la solidarité où chacun pourrait avoir son petit
oasis son bien... être et, bouteille en main avec ce fameux liquide légèrement spitant chanter hors de la zone tropicale de la mangrove et ailleurs dans le monde: "du soleil dans ma bouteille, sur tous les tons, aux oranges au cassis et ananas, Oasis, oasis tout l'monde aime ça!" 
       Mon oasis à moi, c'est au bord du Morbief, ce petit fluide qui ruisselle en continu, variant son intensité et ses couleurs pastel en fonction des ondées du printemps de l'été ou de l'automne. Je puis être là en soirée, laisser aller à vau-l'eau mes idées ou mes contrariétés. Le plouf soudain de ne sais quel petit vertébré me sort de ce bien être et là, une autre dopamine m'anime, plus douce, plus subtile et non hostile m'amène à la réalisation d'une belle aquarelle, telle quelle.

 

Monique Armando :

Histoire d'une petite goutte d'eau 

       Je suis une petite goutte d'eau échappée de l'ondée orageuse qui déferle sur la montagne. Plouf! Je tombe dans la cascade qui m'engloutit dans son tourbillon spitant et je pars à vau-l'eau dans le petit ru qui ruisselle dans la campagne. Qu'elle est jolie cette campagne! C'est le printemps, les cerisiers sont en fleurs et voilà qu'un arc en ciel enjambe le pont et le clocher du village. Magnifique aquarelle! Je continue mon voyage et entre dans une petite mangrove créée pour préserver la biodiversité. Bonjour grenouilles, papillons et libellules!
       Mais le petit ru grossit... grossit et je me laisse aller dans son courant
fluide. J'arriverai peut être jusqu'à la mer, ou alors le soleil m'absorbera et je retournerai dans un gros nuage qui éclatera dans le désert sur une belle oasis. Et je vivrai une autre histoire... La vie est un éternel recommencement, préservons-la!

 

 

Marie Montcharmont

Il était comme un Oasis. Après une bonne grosse journée de merde, tellement pourrie que c'était comme traverser une mangrove à pied et s'enfoncer dans un marécage, tellement pourrie que c'était comme marcher sous une pluie forte et sentir les gouttes glaciales ruisseler des cheveux jusque dans le dos. Il était le soleil qui traverse les nuages après le mauvais temps, la verdure et l'eau après s'être perdu dans le désert. C'était peut-être parce qu'il était spitant dans une maison sombre ou bien juste parce qu'il s'agissait de mon petit frère de six ans. Je l'aimais plus que tout, et ma mère et moi essayions tant bien que mal de le protéger du mal. On prenait les coups à sa place, on le cachait, on lui inventait des histoires pour qu'il ne comprenne pas, ne voit pas, ce qu'il se passait vraiment dans notre famille.
       L'alcool qui traînait, notre père qui plongeait dedans,
plouf, et qui en ressortait à moitié fou et complètement violent. C'était comme si l'homme qu'il était était englouti tout entier dans l'alcool et remplacé par un monstre, qui levait si haut le bras que quand il retombait, la douleur était dure à supporter. Mais maman et moi, on supportait, on protégeait mon petit frère. On lui créait un paradis où il ne faisait jamais froid, jamais peur. Une aquarelle d'une vie qui n'existait pas vraiment. Et mon petit frère commençait à s'en rendre compte. 
      
Maman, pourquoi tu as l'œil bleu ? 
       Alors on racontait des histoires, on faisait de notre vie un conte, à base de gens à sauver, de dragons à monter, de moutons de compagnie et de mauvais rois qui étaient punis à la fin de l'histoire. Mais les choses ne pouvaient pas durer ainsi éternellement et tout partit
à vau-l'eau. Mon père leva la main trop haut, et nous n'avions pas été assez rapides cette fois-ci, il frappa si fort mon petit frère, que celui-ci tomba sur le sol, étourdi. 
       Alors dans ma tête ce fut comme une
ondée. Le caillou jeté dans le lac, remuant l'eau assez fort pour créer une averse. Le coup de mon père sur mon petit frère, c'était le coup de trop. Je ne vis plus rien que ma propre colère face au mal que faisait mon père et qu'il répandait partout, à cause d'un fluide dégueulasse qui le transformait en cet homme violent et horrible. 
       Je n'avais que onze ans, mais je lui fonçai dessus, prêt à le frapper aussi, prêt peut-être même à le tuer. Le tuer pour se débarrasser du mal, pour supprimer la noirceur. Mon père était le méchant des contes dont on baignait mon petit frère. Il était fort ce monstre, plus fort que moi, petit gringalet couvert de bleus. Mais j'étais en colère, j'étais furieux, j'étais la tempête réincarnée. 
      
Crève, crève, crève, hurlai-je. 
       Je le poussai si fort qu'il tomba la tête contre la table. Il s'y assomma, il y eut beaucoup de sang, et puis le silence. Mon petit frère s'approcha de moi et me prit la main, ce qui arrêta mes tremblements. Maman nous regarda comme si elle venait de se réveiller d'un long sommeil. Ses yeux n'étaient plus vides, ils étaient plein et ils nous regardaient vraiment. On ne pouvait pas se contenter de protéger mon petit frère, on devait partir pour offrir une véritable jolie vie à notre
Oasis
       Elle prit nos mains, et laissant notre père derrière nous, on quitta la maison. 

Fin.

 

Bernadette Larrière :

Exposition de peinture 

       «OH ! LA BELLE AQUARELLE » s'exclame Michel devant le tableau de son ami Dédé, peintre régional reconnu. 
       
Non, décidément tu n'y connais rien, c'est une huile!»… 
       Amis ils le sont depuis leurs jeunes années où ils se sont rencontrés l'un étudiant à l'École des Beaux-Arts l'autre à la Fac de Lettres à Besançon. 
       Dédé est devenu célèbre grâce à sa peinture et participe
à vau-l'eau à toutes les expositions ventes de tableaux et est ainsi parvenu à vivre de son art, qui engloutit la plupart de ses bénéfices en matériel: gouache, toiles, supports et autres brosses et pinceaux… 
       Michel qui l'admire depuis des années, lui, se pique de littérature et a passé sa vie à enseigner et à faire découvrir à des étudiants, pas toujours motivés, les auteurs classiques et des œuvres plus récentes voire contemporaines; il a commencé sa carrière avec des élèves de cours élémentaire à qui il a appris à lire de façon
fluide et si possible spitante! et il en est très fier, mais avec Dédé il demeure à jamais un néophyte et commente maladroitement ses tableaux et essaie de faire ruisseler les compliments! 
       Là, il est devant une assez grande toile
(50/60) qui représente une nature généreuse: c'est un bord de mer tropicale, où, plouf, un pélican plonge et rapporte un poisson-scie; au bord on voit une mangrove et au loin à l'intérieur des terres une oasis couverte de palmiers, sous un ciel à peine voilé car il vient d'y avoir une ondée bienfaisante… Michel s'extasie devant tous les détails colorés et la magnificence des tons variés et irisés !

 

Catherine Georges :

Au fil de l'eau

       Au cœur des mangroves tropicales, dans l'enchantement du murmure de l'eau et du chant des oiseaux exotiques, on entre dans un territoire unique. 
       Telle une aquarelle, un ru spitant ruisselle à vau-l'eau, comme une oasis du désert qui surgit, prêt à engloutir des milliers de poissons! 
       Dans le faible courant de l'eau, des canards de Barbarie exécutent des ploufs, avant de remonter vite à la surface vaseuse! 
      Tout à coup, une
ondée rare, mais assez brève et fluide, vient perturber le calme façonné par la nature et l'homme. 
      C'est comme l'arrivée du printemps avec ses averses impromptues, qui accueille toute une faune et flore propre à cette forêt des marais! 
               Que la nature est belle !
               Protégeons-la !

 

Marie-Françoise :

      Que la nature est belle ! Protégeons-là ! 
      Oui, beaux sont même les virus de toutes sortes aux teintes d'
aquarelle, aux formes de couronne. Beaux sont même les coronavirus dont le fameux Covid-19. 
      Lui aussi fait partie de la belle nature. Pourtant, brusquement il
ruisselle, il déferle tout spitant en ondées sur le monde et le met en émoi, prêt à engloutir, à décimer la race humaine et sa belle civilisation en train de partir à vau-l'eau, de s'envaser dans une mangrove aux eaux fluides et putrides, sans l'espoir d'une oasis salvatrice sous le climat déjà bien délétère. 
      Plouf
! Exit bientôt la belle humanité ? 
      Et peut-être retour à la nature pure
?

 

Roberte Burghard :

Le vieux moulin

      Jean aimait se retrouver comme chaque week-end dans cet ancien moulin. Dans cette oasis de fraîcheur, il pouvait se détendre au bruit de l'eau qui, selon les aléas de la météo, ondées ou orages, tantôt ruisselait, fluide et murmurante, tantôt se déversait en gros bouillons spitants sans réussir pourtant à animer la vieille roue aux aubes rouillées, avant de s'engloutir un peu plus bas dans la vallée. Le petit torrent apaisé étalait alors ses eaux en un vaste étang troublé seulement parfois par le plouf d'une grenouille s'ébattant dans la mini mangrove d'arbres couchés, de joncs, de racines et d'algues des bords vaseux. 
      Installé sur la terrasse devant son chevalet, Jean mettait la dernière main à une
aquarelle tout en laissant flotter ses pensées à vau-l'eau, comme les feuilles portées par le courant.

 

Brigitte Muller :

Une œuvre parfaite 

      Chevalet sur une épaule, mallette de peinture sur l'autre, l'artiste avançait d'un pas spitant le long de la plage sur le sable encore mouillé. Ce matin, il se sentait en forme, prêt à se mesurer aux grands peintres, Courbet, Monet et les autres: peintre amateur à ses heures, il avait décidé de séjourner à Trouville-sur-Mer en Normandie sur les traces des impressionnistes et lui aussi était tombé amoureux des falaises d'Etretat. En repérage la veille, il avait découvert un promontoire où il pourrait s'installer à son aise sans être dérangé. Il était donc parti de très bonne heure pour jouir de la luminosité matinale où les ombres longues et marquées étaient bien colorées. Il marchait plein d'entrain et de fort bonne humeur. Ah! la voilà, la fameuse roche percée, sa voûte ocrée qui finissait les pieds dans l'eau, dans l'immensité de l'océan. Oui, il sentait qu'il allait faire du beau travail: cette arche l'inspirait lui aussi et il repartirait avec une belle aquarelle
      Arrivé sur place, il installa son matériel, déplia le chevalet et sortit la planche sur laquelle il avait soigneusement encollé un superbe papier à grain torchon; sa palette, munie de ses couleurs préférées, était déjà prête. À l'aide d'un crayon, il posa, d'un geste vif, la base du dessin puis rapidement il démarra la peinture; bientôt, il se retrouva dans une bulle, une sorte d'
oasis intérieure, où alla se perdre sa conscience. Tout son être, aussi bien son corps que son esprit, participait à sa peinture; plus rien d'autre n'existait. Il était le geste, le mouvement, le coup de pinceau, la peinture: son tracé fluide, les couleurs transparentes et lumineuses allaient faire de son esquisse une œuvre parfaite. D'ailleurs, pour ne pas gâcher la spontanéité, il allait arrêter là son travail. Allez, la touche finale, puis la signature et... 
      C'est à ce moment précis qu'une vague, une vague scélérate qu'il ne vit pas venir, arriva sur lui, emporta son chevalet et
engloutit sa peinture. Il essaya bien de rattraper son matériel, mais en se penchant il glissa, perdit l'équilibre et tomba en avant; dans un grand plouf, il rejoignit sa peinture dans l'océan. Piteusement, il se hissa hors de l'eau, put repêcher une partie de ses affaires mais sa belle aquarelle avait définitivement disparu. Penaud, il rentra dans son meublé aussi ruisselant qu'une ondée sur la mangrove
      Assis devant un grog fumant pour conjurer un rhume naissant, il se dit qu'il ne sortirait plus: « une matinée où tout finissait
à vau-l'eau », il valait mieux rester chez soi. 
      Peindre une nature morte, peut-être.

 

Marie-Françoise :

      Tombé à l'eau, le Café littéraire du Printemps des poètes et des Dix mots de la langue française 2020 intitulé "Robert Desnos, d'Eau et de Courage"! 
     
Englouties dans la mangrove des annulations, nos prochaines rencontres mensuelles! 
      Parce qu'une
ondée de coronavirus, spitant et mortel aux êtres fragiles, sourdie en Chine en décembre 2019, ruisselle sur le monde au gré de flux professionnels, commerciaux, touristiques ou religieux! 
      Vous et moi, avons reçu l'injonction de ne plus s'approcher pour éviter nos haleines méphitiques, de se savonner maintes et maintes fois les mains, de se cloîtrer dans l'
oasis de notre chez-soi, de s'y adonner à la dentelle ou l'aquarelle, puisque marcher en forêt, pêcher ou rêvasser au bord de l'eau distraits par les ploufs des poissons, est interdit pour une indéterminée durée! 
      Du Courage, il nous en faudra en ces temps de prudence confinée, où les vies sont sur le fil du rasoir, où tout semble partir
à vau-l'eau
      Troublante coïncidence ! Desnos, notre poète, n'en manquait pas, qui fut interné en camp de concentration, qui mourut du typhus la veille d'être libéré, qui, dans presque tous ses poèmes, évoque l'eau, ce
fluide, aux multiples aspects.

 

Marie Holder :  

      Plouf ! Tout partait à vau-l'eau.
     
Dans un cauchemar, je voyais un paysage sombre s'engloutir dans la vase d'une mangrove.
     
Et puis, miracle ! Pour moi qui rêvais d'une oasis où étancher ma soif d'un breuvage limpide  et spitant, une ondée soudain a jailli, faisant après elle ruisseler la lumière. Alors l'air est redevenu  fluide et  pur. Et le monde a repris les douces couleurs d'une aquarelle. 

 

Marie-Françoise :

Centon au fil de l'eau * 

      Nos vies sont larmes d'aquarelle 
      Car ton subtil amour est plus
fluide 
      Que l'eau vive, qu'on puise aux sources dans les bois 
      Et qu'on sent, malgré tout, fuir au travers des doigts. 
      Noire, la
mangrove reste un miroir 
      Et les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir. 
      Tout tressaille, avertit de la prochaine
ondée
      Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée, 
      Tu plains l'absent aimé qui ne pourra te voir, 
      Car Dieu, pour vous reposer, dans le désert du temps, 
      Comme des
oasis, a mis les cimetières...
      Derrière la fenêtre, les gouttes glissantes le long de la vitre 
      Semblent
ruisseler de tes yeux anxieux, 
      D'un bleu qui ne dépend 
      Ni de l'étain jaspé du ciel ni du plomb verdi de la mer. 
      Courage ! 
      Pour
engloutir tes sanglots apaisés 
      Il faut te laisser aller
à vau-l'eau
            Bateau sur l'eau 
            La rivière, la rivière 
            Bateau sur l'eau 
            La rivière 
            Et
plouf !
      Dans l'eau des départs de vaisseaux 
      Haut voilés dans l'air vif et
spitant.

* centon : nom masculin (du latin cento, -onis, vêtement rapiécé) 
Définition : Pièce de vers ou de prose dont les fragments sont empruntés à divers auteurs ou à diverses oeuvres d'un même auteur. 
Ici, à Milène Farmer / Albert Samain / Aimé Césaire / Marceline Desbordes Valmore /Théophile Gautier / Colette / Baudelaire / Joris-Karl Huysmans / et à une comptine
 

Corrigé des mots croisés 2020

Grille A
Horizontal : I - MANGROVE   II- REMPLUMENT  III - NA - UI - TAU  IV- SE - SISAO (oasis) V- PAPESSE - OA  VI- IULE - ETANG  VII- FLUIDE  VIII- AQUARELLE  IX- FOIR - LES (sel)  X- TP - YO - RE  XI- ENGLOUTIR
Vertical : 1- SPITANT  2- MENEAU - PE  3- AMA - PLOUF  4- NP - SEE - AOYG (yoga)  5- GLUIS - FRIOL  6- RUISSELER  7- OM - AETUL (autel ou taule) - RU  8- VETO - AILLET  9- ENA - ONDEE  10- TUNAGE - SIR
Mot en plus :
A VAU L'EAU

Grille B
Horizontal : I- FLUIDE - PV  II- AA - ENULA  III- ORAISON  IV- A VAU L'EAU  V- QESI - FM  VI- UNISSES  VII- AUSSI - PAN  VIII- RING  IX- ENGLOUTIR  X- LAMENTAMO  XI- LIARD - NEV  XII- EMI (mie) - ENTEE  XIII- ALBES
Vertical : 1- FA -
AQUARELLE  2- LA -VENU - NAÏMA  3- OASIS - GMAIL  4- RUISSELER  5- DEAL - SI - ONDEE  6- ENIEME - RUT - NS  7- USA - SPITANT  8- PLOUF - ANIMEES  9- VAN - MANGROVE
 

Corrigé des mots croisés 2021

Horizontal : I - DECOLLER  - FI   II- FOEHN - AVOCAT  III - VAPOREUX  IV- LARMOIE - EIRE  V- IN - BULLER  VI- OTER - OSA  VII- SE - EOLIEN  - EL  VIII- FRAGRANCE  IX- LI - AILE - OULU  X- EX - INSUFFLER  XI- DE - ROSOLIE

Vertical : 1- FOLIOS -  LED  2- DO - ANTEFIXE  3- EEVR (rêve) 4- CHAMBRE À AIR  5- ONPOU - OGINO  6- OIL -  LRLSS   7- LAREL (aller) - IAEUO - 8- EVE - EDEN  (Martin Eden, roman de Jack London)-  FL9-  ROUER -  NCOFI  1 0- CXI - EULE   11- FA  -  RASE -  LE   12- ITRE -  ALLURE

Corrigé des mots croisés 2022

Horizontal : I - ÂME  - ADDITIVE II- BÉBÉ - RÉ CIDIVAS.  III - MACROCIN - TAPE.  IV- DOURA - ANTE - SEL.  V- DIVULGACHER  VI- NINIVE - MOE - LA.  VII- MO - VI - BATTAIS.    VIII- EN - FARCER - RAPT.  IX- RASA - ARTE - OU  X- URE - PTEO (OPTE)  - LPC. XI- SECTEUR - UKAEE.  XII- ÉPOUSTOUFLANT. XIII- LI - SÉ TON - IGT.  XI- PINCE-MOI - EEE .

Vertical : 1- AB -  MÉDUSÉ.  2- MEMO - NON - REPLI.  3- ÉBAUDI - RECOIN.  4- ÉCRIN - FA - TU.  5- RAVIVAS - ESSE.  6- DRO -  UVIRA - UTEM (MUET).   7- DÉCALÉ - PROTO. - 8- ICING - BÉAT -  UOI (OUI). 9-  TINTAMARRE -  FN.  1 0- ID - ÉCOT - TOUL.   11- VIT  -  HÊTRE -  KAÏ   12- ÉVASÉ - AA - LANGE.   13- SAPERLIPOPETTE. 14- SEL - ASTUCE.

Corrigé des mots croisés 2023

Horizontal : I - AVANT-JOUR  - ALPE II- IVO  - EU - AVRILIII - DÉÇUS - AEG - ALUN.  IV- AS - RYTHMER - IS. V- ORNA - IRE- QA.  VI- TIC-TAC - ILÉUS.  VII- DOT - HIVERNAGES.    VIII- AMOUR - MAPI.  IX- ROL - ODR - OMBRAS  X- ANNÉE-LUMIÈRE . XI- OR - ÉJECT- NEFS.  XII- OR - ASIE. XIII- ENSAUVE - ORGIEXI- YÉ- FRUSTES - ÉTÉ.

Vertical : 1- DARE-DARE  - OEY.  2- VIES - OMO - ORNE.  3- AVC - OTTOCAR.  4- NOURRI - TAF.  5- SYNCHRONE - UR6- JE - TATI - DÉJA-VU.   7- OUAH - AVÉRÉE - ES. - 8- ÉMICE - LCA. 9-  RAGER - RAOUTS 1 0- REIN - MM - IOS.   11- ARA  -  LAMBINER.   12- LILI - ÉGARÉE - GÉ.   13- PLUS-QUE-PARFAIT. 14- ASSISES - EE.

 

 

 

Retour à l'accueil du Café Scribouillard

SUITE

 

 

 

Retour à Accueil Café scribouillard  /  Calendrier  /   Lectures /
Expositions  /
Entretiens / Sorties /  Rencontre  /  Auteurs  /  A propos