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l'OuLiPo:
C'est
une tentative d'exploration méthodique des potentialités de la
littérature et plus généralement de la langue. Unissant à l'origine
des écrivains, mathématiciens, poètes et logiciens, l'Oulipo vise à
assembler et réassembler les lettres et les mots, à la manière des
images recomposées, selon des formes, des structures, des contraintes
nouvelles afin de produire des oeuvres originales.
"
Le but de la littérature potentielle est de fournir aux écrivains
futurs des techniques nouvelles qui puissent réserver l'inspiration de
leur affectivité. D'où la nécessité d'une certaine liberté. Il y a
9 ou 10 siècles, quand un littérateur potentiel a proposé la forme du
sonnet, il a laissé, à travers certains procédés mécaniques, la
possibilité d'un choix. (...) La lipo analytique recherche des
possibilités qui se trouvent chez certains auteurs sans qu'ils y aient
pensé. La lipo synthétique constitue la grande mission de l'Oulipo, il
s'agit d'ouvrir de nouvelles possibilités inconnues des anciens
auteurs."
propos
de François Le Lyonnais, 1961
En
2020 lors du confinement dû à la pandémie du Coronavirus
Covid-19 les
membres du Café littéraire luxovien jouent à résoudre un
casse-tête proposé sur Internet :
Petit
exercice spécial orthos
pour maintenir neurones et phonologie au top
Dans le texte ci-dessous se cachent les noms de trente écrivains de
notre belle langue française :
Confiné, il racontait ce qu'il ferait une fois libre, d'ici un mois, dans
ces eaux-là.
Ce moment semble si dur à surmonter... Mais les mots, lierre de la pensée
permettent de s'évader un moment, de laisser fuir des maux passants.
Près de la fontaine dont les flots bercent l'oreille distraite, des
oiseaux volent, terre et racines semblent endormies.
Les oiseaux sont là, souverains, beaux, jeunes encore.
Une tribu goguenarde qui boit l'eau et la bénédiction du soleil qui
couvre leur air novice.
Le rabot de l'air ne les épuise pas : ils n'en font cas, mus par la
douceur du jour.
Mus, c'est le mot mais sans le mouvement, ils se posent, l'arbre vert ne
bouge presque pas.
Du mât naturel ils regardent au loin, plus ou moins anges, peu ou prou
statues.
Braves bêtes, la becquée te les rends grands, mais où est le bec
aujourd'hui ?
Le héros poursuit son chemin rêvé, les ronces ardentes frôlent ses
pieds.
Il avance doucement cherchant une aire blonde, brune, rousse au hasard.
Il a beau voir toute cette splendeur, il ne s'y trompe pas.
Il a beau marcher par l'esprit, il ne bouge pas, en réalité pas.
C'est la force des poètes, se promener sans mouvement, sans de grands
efforts.
Voir la vie en beau malgré tout, malgré les épreuves.
L'esprit est une gare : y passe mille idées qui s'enfuient et nous entraînent.
Toujours
l'art a gonflé cette voile humaine, cette force : tenir bon jusqu'au
prochain voyage.
Trouver
le corrigé en bas de page
Les
membres du Café littéraire luxovien jouent à écrire sous
contrainte en
2020 lors du confinement dû à la pandémie du Coronavirus
Covid-19 :
Marie-Françoise
:
Confiteor
confus
Je
vous confie ce qu'on fit confinés : inconfiants on consomma du confit
d'oie, de la confiote ―
ou
confiture,
et des fruits confits, on se confit en confiseries pas confisquées. Configuration, je vous
le confirme, qui fit qu'on grossit et se trouva
fort déconfits quand le déconfinement fut venu. Ce qu'on fut c..
finalement !

Les
membres du Café littéraire luxovien jouent à écrire sous
contrainte, chaque
année avec les dix
mots de la langue française
qu'ils incluent dans un texte.
En
2004, au hasard
ils ont pris quatre mots dans le dictionnaire, ont choisi pour
chacun le premier mot de même rime qui venait à l'esprit:
clairon
----- potiron
folie ----- phobie
gourmette ----- moquette
investir ----- rougir
Puis
chaque
personne a concocté un petit texte en vers libres utilisant
obligatoirement ces mots, et les plaçant en bout de ligne de manière à
obtenir des bouts rimés :
Danièle
Auberjet :
Sur une moquette
Se trouvait une gourmette.
Quelle folie
Et quelle phobie
Se dirent le clairon
et le potiron
Nous allons investir
Et ceci sans
rougir
|
Jutta
Amant :
Au
son du clairon
sa phobie
sa folie
il tombe sur la moquette
et retrouve sa gourmette
sans rougir
il peut s'investir
à cuire son potiron
|
Monique
Litzler :
Au
son du clairon
Est servi le potage au potiron
bien sûr c'est folie
sur une blanche moquette
je dois rougir
de cette nouvelle phobie
en plus, de la gourmette
je dois m'arrêter d'investir
|
Valérie
Titon :
Allongée
sur la moquette,
Je regardais ma gourmette,
Ce qui me faisait bien rougir
Car j'avais osé investir
Malgré mon insistante phobie
Dans cette effroyable folie,
Et je soufflai dans un clairon,
Goûtant ma soupe au potiron.
|
Marie-Françoise
:
Denis
au régiment jouait de son clairon,
Pourtant à la campagne plantait des potirons.
Que les autres le sachent était sa grande phobie !
Et pour qu'ils l'ignorent aurait fait des folies.
Ainsi, pour faire croire qu'il vendait des gourmettes,
Sortit toutes ses économies de dessous la moquette
Et alla investir
Dans une acquisition, qui ne le ferait plus rougir.
|
Corrigé
: A PROPOS DU CONFINEMENT
, Le "compte"
est-il bon ?
Dans le texte se cachent les noms de trente écrivains de notre belle
langue française.
Confiné,
il racontait ce qu'il ferait une fois libre, d'ici un mois, dans ces eaux-là.
Zola
Ce moment semble si
dur à surmonter....Duras
Mais les mots,
lierre de
la pensée permettent de s'évader un moment, de laisser fuir des maux
passants.
Molière,
Maupassant
Près de la
fontaine dont
les flots
bercent
l'oreille
distraite, des oiseaux volent,
terre et
racines
semblent
endormies. La
Fontaine, Flaubert, Voltaire, Racine
Les oiseaux sont là, souverains,
beaux,
jeunes encore.
Rimbaud
Une tribu
goguenarde
qui boit l'eau et
la
bénédiction
du
soleil qui couvre leur air
novice.
Hugo, Boileau, Labbé, Ernaux
Le rabot
de l'air ne
les épuise pas : ils n'en font cas, mus par la douceur du jour. Baudelaire,
Camus
Mus,
c'est le
mot mais sans le mouvement, ils se posent, l'arbre vert
ne bouge
presque pas.
Musset, Verne
Du
mât naturel
ils regardent au loin, plus ou moins anges, peu ou
prou statues.
Dumas,
Proust
Braves bêtes, la becquée
te les
rends grands, mais où
est le bec aujourd'hui
? Beckett
(?
irlandais langue d'écriture principalement française et anglaise),
Teulé, Houellebecq
Le
héros poursuit son chemin rêvé, les ronces
ardentes
frôlent
ses pieds. Ronsard
(il y aurait
Dante, mais
il est italien)
Il
avance doucement cherchant une aire blonde, brune, rousse
au hasard.
Rousseau
Il a beau
voir toute
cette splendeur, il ne s'y trompe pas. Beauvoir
Il a
beau marcher par
l'esprit, il ne bouge pas, en réalité pas. Beaumarché
C'est
la force des poètes,
se promener sans mouvement, sans
de
grands
efforts. Say(?
économiste, écrivain, industriel, journaliste, traducteur),
Fort, Poe
(? bien
qu'auteur américain, il a d'abord été reconnu et défendu par des
auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête),
Sand,
Voir
la vie
en
beau
malgré
tout,
malgré les épreuves. Vian
L'esprit est une gare
: y passe
mille
idées
qui
s'enfuient et nous entraînent. Gary,
Mille ? et Milly? (peu
connus)
Toujours
l'art a
gonflé
cette voile humaine, cette force : tenir bon jusqu'au prochain voyage. Aragon
|