Le Café Littéraire luxovien
/Rencontre avec un écrivain (
3)

 

Dernière mise à jour : 7 novembre 2021   

 

 

 

 

 

Rencontre avec Françoise Ascal


Françoise Ascal au Café littéraire luxovien
Photo : Anne Buisson

Françoise Ascal
était l'invitée du
Café Littéraire luxovien,
l'après-midi du 4 novembre 2021,
à la Bibliothèque municipale
de Luxeuil

Belle rencontre à la bibliothèque ce jeudi 4 novembre autour Françoise Ascal, poète native de Seine Saint Denis venue régaler de ses mots les membres du Café littéraire luxovien et quelques-uns de ses amis de la région. En voisine, car si Françoise vit en Seine et Marne, de père franc-comtois elle possède une maison de famille à Melisey où elle se rend régulièrement. Melisey et le secteur du plateau des Mille étangs en Haute-Saône étant son lieu de "prédilection". Celui où elle se sent le mieux, où elle se sent en symbiose avec les paysages, le sol, ses prairies, ses tourbières, son humus qui imprègnent son corps poreux. Elle en ressent toutes les métamorphoses au fil des saisons.

 

Françoise nous a confié que, grandie dans une maison sans livres, c'est l'école qui l'a amenée à la lecture. Que toute petite elle s'intéressait déjà à l'art, toute heureuse d'avoir visité le Louvre lors d'une sortie scolaire, d'avoir reçu un livre de photos d'œuvres d'art, qui la faisait rêver, bien qu'alors en noir et blanc. Art qu'elle n'a jamais quitté, côtoyant des peintres, Bernard, son époux en est un. Souvent les œuvres d'un artiste accompagnent ses textes dans de beaux ouvrages. Jeune, elle abandonna ses études littéraires pour devenir potière. Puis écrire. 
       Si elle écrit, c'est parce que l'écriture, pour elle, "est un cœur nécessaire pour rester vivante". Un besoin vital. Celui de tout artiste véritable. Elle fait sienne la formule de Robert Filliou : «L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art».


Françoise Ascal au Café littéraire luxovien
Photo : Anne Buisson

C'est à douze ans qu'elle a commencé à tenir un journal. Déjà elle ressentait cette nécessité vitale d'écrire. Elle et Bernard ont tenté de vivre de leur art. Une vie difficile mais selon leur désir. Jusqu'à ce que Françoise accepte un emploi en milieu hospitalier où elle effectuait un travail d'accompagnement de jeunes malades et handicapés par des activités d'art plastique. Bien qu'elle n'aime guère le terme, oui, elle s'est occupé d'art thérapie. Et on retrouve cet aspect, dans l'intérêt qu'elle porte au peintre Grünewald, celui du retable d'Issenheim qu'on peut admirer au musée Unterlinden de Colmar. Retable qu'il peint à la demande des Antonins en 1512, pour aider à guérir les malades frappés par l'épidémie de l'ergot de seigle qui sévissait à l'époque. Cette œuvre picturale l'a, au premier regard, frappée et marquée il y a bien des années. Françoise vient de voir publié en mai 2021 son ouvrage sur ce retable et Grünewald. Commencé en 2016, il lui fut très difficile à écrire tant il y a de zones sombres et douloureuses chez ce peintre et dans son oeuvre, mais l'obstination caractérise aussi Françoise, et elle en fit une oeuvre magnifique. Si bien qu'ensuite elle écrivit d'un jet facile et continu sur Corot, peintre de lumière, un texte qui lui apportait une bulle d'air, une respiration, après la sensation d'étouffement que lui procurait l'œuvre de Grünewald.

Si elle recherche la lumière, le mot revient souvent dans ses écrits, c'est qu'elle a, dit-elle, en elle beaucoup de puits d'ombre... Noirceur et beauté, quête de lumière, méditation, contemplation.

Même si pour éviter des erreurs Françoise se documente beaucoup, ses textes sur Grünewald, Corot, Colomban, Bachelard (dans : Un rêve de verticalité), ne sont pas des essais, elle n'est pas historienne, c'est son ressenti personnel, ses méditations, à propos d'eux qu'elle met en mots, car elle est avant tout poète, d'une "poésie qui se rapproche d'un outil philosophique". Elle nous dévoile "son" Colomban, "son" Grûnewald, "son" Corot... De même ses textes sur les paysages dévoilent "son" propre regard sur lui, l'art étant question de regard, question de voir ce qui ne se voit pas...

Ses journaux, ou plutôt ses carnets dans lesquels elle continue de noter régulièrement son ressenti sur son vécu, mais aussi sur ses lectures, visites de musée, musique écoutée, rencontres, spectacles, etc., lui sont puits précieux pour élaborer ses textes. Textes où souvent elle s'adresse au personnage : à Simon le tirailleur sénégalais d'Un automne sur la colline, à Adèle sa grand-mère paternelle, taiseuse, toute de deuil vêtue, à Grünewald sous forme d'un long poème, à Corot. Car, dit-elle, Je n'écris pas pour le lecteur, mais je n'écris pas sans “adresse”, car l'écriture s'adresse toujours à quelqu'un...


Françoise Ascal au Café littéraire luxovien - Photo : Anne Buisson

Enfin, Françoise est une personne généreuse et ouverte, sensible et attentive aux autres, et si le public ne fut pas en grand nombre, période de Covid et d'intempéries oblige, il fut en qualité, et riches et claires furent les discussions après que Françoise eut lu de larges passages de Variations-prairie, de Mille Étangs, et de sa Lettre à Adèle, parus en mai 2020 aux éditions Tipaza accompagnés d'un quatrième texte sur Colomban.

 

Françoise que le Café littéraire avait déjà accueillie en mai 2005, comme tout un chacun bien sûr à été marquée par les années, mais Françoise a gardé sa voix douce qu'elle ne force pas, qu'on écoute dans la plus grande attention, Françoise a gardé ce regard gris dans lequel on surprend l'étincelle... 


Françoise Ascal dédicace au Café littéraire luxovien
Photo : M-F G

Et si l'on veut en savoir un peu plus sur son cheminement face à l'épreuve que la santé lui a réservée (dont elle ne nous a pas parlé), on pourra lire L'obstination du perce-neige (carnet expurgé et retravaillé qui couvre les années 2012 à 2017, paru en 2020 aux éditions Al Manar)...

Rencontre du 3 mai 2005 à Luxeuil
Rencontre du 16 avril 2004 à Champagney

 


Rencontre avec Pierre Perrin

Pierre Perrin à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Pierre Perrin au Café littéraire luxovien
Photo : M-F. G

Pierre Perrin
était l'invité du
 Café Littéraire luxovien,
l'après-midi du 24 mai 2019,
au Centre Social Saint Exupéry
à Luxeuil

par Marie-Françoise :

L'écrivain et critique littéraire Pierre Perrin, venu de Chassagne-Saint-Denis où il habite à quelques kilomètres d'Ornans où Gustave Courbet a vécu, s'exprimait sur son dernier roman, Le modèle oublié, écrit à la demande de son éditrice pour le bicentenaire de la naissance de ce peintre et paru aux éditions Robert Laffont en avril 2019 dans la collection "Les Passe-Murailles". Le modèle oublié dont la couverture, selon les voeux de l'auteur, est magnifiquement illustrée de la partie centrale de la toile de Courbet, L'atelier du peintre, dans sa version restaurée et lumineuse est un ouvrage qui donne à connaître les aspects méconnus de l'artiste en tant qu'homme, à travers, entre autres, ses amours et ses toiles. Pour l'occasion les locaux où avait lieu la rencontre étaient ornés d'un certain nombre de reproductions couleur qui illustrèrent bien des propos de l'auteur.

Pierre Perrin, en fin pédagogue (né en 1950, il fut aussi professeur de français en classes de lycées), plutôt que de mener une conférence figée, prit le parti de développer à bâtons rompus, au gré des questionnements du public (parmi lequel bon nombre de personnes avaient lu son livre en amont), les amours du peintre et de Virginie Binet, modèle avec qui Courbet vécut une dizaine d'années.  Pierre Perrin s'étendit sur la personnalité, le parcours de Gustave, sa réelle situation financière, ses rapports avec ses contemporains: Baudelaire, Flaubert, Proudhon, Champfleury, Gautier, Victor Hugo, etc. "Le contexte des années 1840 à 1877, où se passe le roman, présentant bien des analogies avec celui d'aujourd'hui", souligna une lectrice. Fut abordée aussi la question de la conservation des documents concernant le peintre, et celle de ses œuvres. "La technique picturale de l'époque sur toile goudronnée faisant au fil du temps remonter le goudron et assombrir les couleurs", expliqua une lectrice également artiste peintre.

Pierre Perrin - Photo: Marie-Françoise Godey    Pierre Perrin au Café littéraire luxovien
   Photo : M-F. G

Roman? Biographie? Essai ? Il y eut débat quant à la qualification de "roman" inscrit en couverture du livre. C'est cette qualification de roman, et non une raison financière, qui fit exclure la reproduction qu'aurait souhaité Pierre Perrin, des toiles évoquées en encart dans le livre.

Pierre Perrin dévoila la manière dont il élabora son roman. Recherches sur le net (aidé de Christine son épouse qui d'ailleurs l'accompagnait pour cette rencontre avec les lecteurs de Luxeuil), et déplacements, jusqu'à Dieppe dont était originaire Virginie. Puis écriture au présent de narration, puisque passé simple et imparfait ne sont plus guère maîtrisés ni au goût du jour, en y incluant nombre de faits avérés et textes issus de documents d'époque. Mais y faisant également entrer une grande part d'intuition et d'imagination personnelle quant à des éléments ou situations qui lui paraissent avoir pu vraisemblablement se produire. L'éditrice indique, en page 3 du livre, que la collection «Les Passe-Murailles, [dans laquelle Le modèle oublié est édité], accueille des romans ou récits à cheval entre rêve et réalité». 

Par l'intermédiaire de cet ouvrage, Pierre Perrin veut rendre à Virginie et au fils qu'elle donna au peintre leur véritable place. Il y montre la dualité de Courbet avide de célébrité et de laisser à la postérité une œuvre, plutôt qu'un fils. Fils que pourtant il aimait et pleura mais qu'il n'a jamais voulu reconnaître: «On ne survit que par ses œuvres et les hommes non arrivés par leur progéniture», écrivit-il à Proudhon. L'auteur du Modèle oublié nous donne une vision plus juste que celle que l'on connaît habituellement de Courbet, sans flatterie.

Bref, l'après-midi fut longue et instructive pour un public ravi avec un Pierre Perrin intarissable, généreux de son temps et de ses explications claires qu'aucun ne se lassait d'écouter.  
       Public de lecteurs qui  attend la parution de son prochain roman, déjà écrit et bientôt sous presse. 

Pierre Perrin à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Pierre Perrin au Café littéraire luxovien  -  Photo : M-F. G

 

 

 

 

Rencontre avec Nicole Grépat

Nicole Grépat
était l'invitée du
Café Littéraire luxovien, 
l'après-midi du 15 février 2019, 
dans les locaux de la Bibliothèque
municipale de Luxeuil

Nicole Grépat à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Nicole Grépat au Café littéraire luxovien            
Photos: M-F. G 

par Marie-Françoise :

Nicole Grépat, universitaire et auteur du roman Cœurs turbulents paru en 2018 aux éditions du Citron bleu, reconnaissait d'anciens collègues et amis parmi le public des lecteurs luxovien à qui elle présentait ce premier roman, un peu tendue après qu'elle eut confié en aparté: «J'appréhende presque plus de parler ici que devant un amphithéâtre, car il est toujours difficile d'expliquer ce qu'on a écrit, souvent avec son cœur et pas toujours avec sa tête».

Son roman, Nicole Grépat n'a pu l'écrire qu'une fois en retraite ayant été fort occupée par sa vie professionnelle et familiale, des études tardivement reprises pour passer une thèse en 2007, soit à cinquante ans passés, afin de devenir Maître de conférence, effectué des recensions et écrit sur des auteurs telles Andrée Chedid, Colette, George Sand...

Elle confie avoir mis deux ans à écrire Cœurs turbulents, puis six mois à peaufiner sa première mouture, sur les conseils de son éditeur, pour y insérer des dialogues et simplifier le langage. Y restent des termes de vocabulaire peu usités du lecteur lambda: sororité, ovalie, classieux, détoxer, entrisme, genré, afféterie, grand-maternité, etc. Ce dernier, elle l'a emprunté à Andrée Chedid, auteur dont elle est spécialiste ayant écrit sa thèse sur La poétique des réécritures dans l'œuvre d'Andrée Chedid. De la perfection et des récidives, alors qu'Othilie, personnage de son roman, si a elle aussi soutenu une thèse, c'est sur Annie Ernaux. Donc encore «un travail de femmes en écriture. Il est bon de libérer leur voix, parfois muselée par celle omnipotente des Grands Hommes écrivains!», précise Nicole Grépat.

On lit sur la quatrième de couverture de la thèse de Nicole Grépat, parue chez Honoré Champion en 2017, cet extrait à propos d'Andrée Chedid: "Le travail incessant de reprise et d'amplification permet de développer un partenariat identitaire avec ses héros, qui finalement se nourrissent de ses propres obsessions."

De même, l'auteur Nicole Grépat revendique être à la fois: Elvire, la cinquantaine, qui comme elle a commencé par être professeur de collège dans une petite ville pour devenir chercheur et maître de thèses; Othilie (du prénom de sa propre grand-mère), militante féministe qui n'a pas peur d'affronter cette grande bourgeoise d'Elvire qui malmène la doctorante de trente ans qu'elle est; et même Clovis, le photographe qui par son art apporte un regard sur le monde. Elle avoue avoir mis beaucoup d'elle même dans ce premier roman et y régler des comptes...

Nicole Grépat à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Nicole Grépat au Café littéraire luxovien/Photos: M-F. G

À la différence de beaucoup d'auteurs qui disent se laisser entraîner par leurs personnages, Nicole Grépat garde la main, c'est elle qui les mène où elle veut, les confrontant à des situations propres à ce que le récit soit vraisemblable pour les faire évoluer vers son propre but: «Quand on écrit, il ne faut pas dire la vérité forcément, mais dire le vraisemblable».

Coeurs turbulents est donc un livre "construit", où l'auteur a tissé sa trame. Le mot texte ne venant-il pas de tisser... Elle y emploie l'imparfait d'un narrateur omniscient, parce que, dit-elle, le passé est le temps de la narration.

Nicole Grépat à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Nicole Grépat dédicace 
au Café littéraire luxovien/Photo M-F G

Enfin, si Nicole Grépat a situé la fin de son roman à Belfahy, le  plus haut village de Haute-Saône et du Massif des Vosges plutôt qu'ailleurs, c'est voulu, confie-t-elle encore, parce que pour que l'ouvrage puisse paraître aux éditions du Citron bleu, éditeur régional de Franche-Comté, c'était une condition sine qua non.

 

 

 

Rencontre avec Michèle Larrère

Michèle Larrère à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey

Michèle Larrère
était l'invitée du
 Café Littéraire luxovien, l'après-midi du 19 octobre 2018, au Centre Social Saint Exupéry /Tour Messier / rue Salvador Allende à Luxeuil
(Lien vers la rencontre de 2008)

Michèle Larrère à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey

Michèle Larrère au Café littéraire luxovien            
Photos: M-F. G  
           

par Marie-Françoise :

Divertissante et enrichissante après-midi en compagnie de Michèle Larrère pour les membres et amis du Café littéraire luxovien, venus en nombre l'écouter au Centre Social Saint Exupéry présenter avec verve et jovialité son sixième ouvrage et deuxième roman, Un complot éloquent, paru en juin dernier aux éditions Saint Honoré.

L'auteur, native de Luxeuil, est revenue y vivre après une vie professionnelle prenante à Paris. Elle s'était déjà signalée dans la cité thermale par la publication de précédents ouvrages, l'un sur Le Cardinal Jouffroy  l'autre sur Le Quartier Mieg.

Elle illustrait aujourd'hui sa présentation par la lecture expressive de nombreux passages de son roman, en détaillant amplement chaque chapitre, tout en faisant de nombreuses confidences sur sa genèse.

Elle confia avoir situé certains épisodes d'Un complot éloquent dans des lieux aux noms réels. Des immeubles ou rues de Paris, comme la rue du Foin, au nom qui, dans le contexte du roman, fait sourire le lecteur. Mais, parfois, les avoir modifiés quelque peu et les avoir situés dans un autre paysage géographique. Tel son imaginaire Saint Roc en Montagne, inspiré de la chapelle Saint-Roch sise dans la plaine de Saint-Marie-en-Chanois de notre Haute-Saône profonde.

Elle confia aussi avoir été inspirée par certain livre lu dans sa jeunesse. La mode et les grands couturiers. Sa vie parisienne et professionnelle en milieu juridique. Telle ou telle découverte mathématique ou scientifique.

Et par des personnes typées qu'elle a réellement rencontrées, dont elle a modifié le nom, forcé les traits et imaginé la vie pour les intégrer dans son œuvre, en faire des personnages hauts en couleurs. Sophie-Amélie, sa pocharde de Paris est l'un d'eux. Quant au personnage de Josué, pivot autour duquel s'articule le livre, il doit le cerveau parasite dont elle l'affuble à l'article d'un numéro de Science & Avenir qui relatait l'existence de tels cas, Michèle Larrère en fait un jeune homme surdoué, mais gnome et laid.

Ces divers motifs d'inspiration l'entraînent à écrire de longs textes très descriptifs qu'elle cherche ensuite à placer, à intégrer dans le roman. Les pérégrinations de deux enquêteurs, le procureur Sixton et l'inspecteur Fusain, constituant le liant de ces disparates ingrédients.

En ce qui concerne le titre, si ces deux enquêteurs sont effectivement victimes un "complot" qui se révèle avoir été mené de bout en bout à leur insu, à la question de savoir pourquoi il comporte l'épithète "éloquent", Michèle répond que c'est simplement parce que les personnes auprès desquelles ils se renseignent sont très bavardes, sont "loquaces". Quant aux exergues, ces courtes citations empruntées à d'autres écrivains, qu'elle se plaît à placer en tête de chaque chapitre, ils annoncent le ou les idées qui y seront abordées.

Puis, au cours de la conversation à bâtons rompus avec le public qui suivit sa magistrale présentation, Michèle confia quelques souvenirs de jeunesse sur les débuts de sa vie professionnelle lorsque de nombreuses voies s'ouvraient à elle, ses choix et les raisons qui l'ont fait bifurquer d'études scientifiques médicales à des études juridiques en passant par des boulots d'étudiante, la nuit, chez Gibert jeune et dans une pharmacie, pour finir par travailler dans un éminent cabinet d'avocats à Paris où sa compétence était très appréciée.

Bref, l'auteur se trouva dans des situations qui lui donneraient amplement matière à écrire une truculente biographie. Mais pour l'heure c'est dans l'écriture, cette fois d'un "vrai" roman policier situé à Venise, qu'elle s'est lancée. Qu'elle s'amuse énormément à écrire, confie-t-elle. Gageons que celui-là sera aussi plaisant à lire que son Complot éloquent !

 

Michèle Larrère à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Michèle Larrère au Café littéraire luxovien / Photo: M-F. G 

par Marie-Claude H. :

Très belle après-midi hier. Michèle heureuse, et nous aussi à l'écouter conter, avec gourmandise et beaucoup de talent, la genèse de son roman. Vie et fiction entremêlées.

 

 

Rencontre avec Michel Devaux

Michel Devaux à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Michel Devaux à Luxeuil / Photo: M-F. G

Michel Devaux
était l'invité du
 Café Littéraire luxovien, 
 l'après-midi du 19 mai 2017, 
au Centre Social Saint Exupéry
Tour Messier
1 rue Salvador Allende à Luxeuil

      par Marie-Françoise:

      Venu de Pont-de-Roide, commune située dans le département du Doubs en région Bourgogne-Franche-Comté où il est né et où, après des études, une vie professionnelle et des voyages qui l'en ont éloigné, il réside à nouveau, Michel Devaux, jeune septuagénaire, présentait ses derniers livres et discutait avec les lecteurs du Café littéraire luxovien.

      Depuis l'enfance il a le souci de découvrir et de comprendre le monde qui l'entoure, s'intéresse aux sciences, à l'astronomie. Aussi, c'est tout naturellement que ses études le portèrent dans le domaine scientifique de l'électrotechnique où il mena une carrière d'enseignant. D'autre part, une aisance certaine acquise en français l'amena, sur la suggestion de quelques amis auxquels, passionné, il racontait les observations et découvertes troublantes (et jusqu'aux plus récentes) qui suscitent des interrogations encore sans réponses à ce jour sur les sciences, la nature, la physique quantique, l'univers, à les écrire.

      Dans ses ouvrages, Michel Devaux s'attache par des exemples simples et concrets, des analogies, à sensibiliser le lecteur non initié à ces sujets complexes. On reconnaît le souci pédagogique de l'enseignant qu'il fut, il y glisse des pointes d'humour et d'ironie tranquille, une certaine poésie, de la philosophie, qui les rendent faciles et agréables à lire, suscitent l'intérêt. 

      Ainsi, en 1992, il fit paraître son premier titre: "Silence, l'Univers nous observe". Qui sera suivi de bien d'autres: "Un lagon de Sagesse"(1998), "Une nuit, l'Eternité - Entretien avec Jean-marie Choffat (2000), "Raconte-moi, l'Ami"(2002), "Coccinelle et secret du ciel"(2010), "Faux dires"(2011), "Parfois comme un rêve"(2014)... et le petit dernier: "Un univers à votre image, rencontre avec les quanta" paru en février 2017.

     En fait, ce que Michel Devaux, d'une grande sagesse, d'un abord simple et affable, d'une grande patience aussi, recherche surtout, c'est le contact humain et les discussions suscitées autour de ses thèmes de prédilection lors des rencontres - dédicaces, insistant sur l'importance de l'observation et du questionnement face aux étrangetés de la nature, de l'univers qui nous entoure, et plus loin encore, des quanta dont l'univers est fait, dont "nous" sommes faits. Sans cependant dévoiler la réponse personnelle qu'il y apporte. C'est dans ses livres qu'il faut l'aller chercher.  

 

Michel Devaux à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Michel Devaux au Café littéraire luxovien du 19 mai 2017  / Photo: M-F.G

 

Pour en donner une petite idée, voici quelques phrases qu'au cours des pages, dans 
"Un univers à votre image, rencontre avec les quanta" on peut lire:

      "Lorsque nous regardons le ciel, nous ne voyons ni le présent, ni l'avenir, mais seulement le passé. Un ciel à notre image."

      "Si l'on n'observe pas les quanta, ils se déguisent en onde. Si on les observe, ils se déguisent en corpuscule. Un univers microscopique fait d'apparences.
      La technologie utilisée, qu'elle que soit sa complexité, ne perturbe pas l'expérimentation. Seule notre décision d'observer, en fait, notre conscience, (en effet, le contrôle n'a aucun sens si personne n'est là pour contrôler ) interagit avec le domaine subatomique, déterminant ainsi son comportement.
      L'observation rend la matière visible."

      "Ainsi l'observation crée ce que nous appelons le réel, notre réel. À notre image!"

      "Dans la lointaine nuit cosmique, les photons savaient que la conscience allait émerger dans notre univers, qu'ils seraient observés dans le futur. Par nous-mêmes ou d'autres civilisations. Le futur à envoyé l'information dans les archives du passé : la lumière a pris l'apparence du corpuscule, délaissant sa parure d'onde. Elle s'est transformée en matière, créant ce que nous appelons le réel, notre réel."

      "Les couloirs du temps !... Vous avez sûrement quelques photos à la maison. (...) Celles des personnes qui vous sont chères et disparues. La vôtre aussi. (...) Une sauvegarde extraordinaire à été réalisée par la lumière. Ces fameux photons, ces étranges quanta venus de très loin, ont baigné leurs corps. Enveloppant aujourd'hui le vôtre, interférant et fabriquant des images qui, comme la réflexion d'un miroir, se propagent dans le milieu. Un milieu immense, parmi les étoiles, pendant des milliards et des milliards d'années. Des photos successives de vous-même, en ce moment et après votre mort, qui se répandent dans l'espace et le temps, dans... un univers à votre image!"

Dans "Parfois,comme un rêve", on lisait:

      L'orchidée a les couleurs de l'insecte qui va la féconder (...) "Je ne me pose plus la question du pourquoi et du comment de cette stratégie élaborée. Il en reste néanmoins une autre, plus subtile: comment cette orchidée « sait » que la guêpe se posera sur elle? Voilà une question embarrassante. À moins d'accepter l'existence d'une conscience dans la Nature..."

      "La terre est issue de gaz et de poussières cosmiques, une nébuleuse primitive; elle porte en elle les attributs de l'Univers. Quand l'Homme pose le pied pour la première fois sur la planète, son regard se tourne d'abord vers le ciel; car en lui, il porte aussi les attributs de l'Univers et son existence en dépend."

Dans "Une nuit, l'Éternité" on pouvait déjà lire:

      "Voilà ! Il suffisait d'y penser. Et la pensée est puissante, elle se matérialise!"

      "L'Homme se rappelle-t-il que la pensée est à l'origine d'une force, même dans ses inventions terrestres?"

      "Alors, le commencement que nous voudrions toucher nous échappe, parce qu'en fait, il n'y a ni commencement, ni fin de l'Univers."

      "De récentes découvertes en astronomie font penser que le chaos règne dans l'Univers. Mais avant qu'il ne paraisse complètement plongé dans la confusion, intervient alors un « attracteur étrange », donnant des ordres imprévus au sein du désordre... L'instabilité devient alors source d'organisation. L'Univers se construit en permanence, il est transcendant. Il est Cosmos dans l'Infini."

      "Si je vis sur un objet céleste isolé, sans aucun repère autour de moi, la notion de temps devient caduque. Sans référentiel, je n'ai pas d'âge.
      Le temps est donc intimement lié à la matière."

      "Dans l'inconscient terrestre, le futur existe déjà!"

      "Aujourd'hui, l'Homme de la Terre voit ce qu'il croit, et pas seulement l'inverse. Un jour viendra, où pour changer ce qu'il voit, il lui sera nécessaire de modifier ce qu'il croit."

 

 

Rencontre avec Arnaud Friedmann

Arnaud Friedmann
était l'invité du
 Café Littéraire luxovien, 
 l'après-midi du 21 avril 2017, 
au Centre Social Saint Exupéry
Tour Messier
1 rue Salvador Allende à Luxeuil

(lien vers la rencontre de 2014)

 

Arnaud Friedmann à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Arnaud Friedmann à Luxeuil / Photo: M-F. G

      par Marie-Françoise :

      Ce n'est pas la première fois que les membres du Café littéraire luxovien recevaient Arnaud Friedmann. Il leur avait présenté ses premiers romans lors d'une lecture rencontre en février 2014, peu avant d'effectuer une résidence d'écrivain à Charmes. 
      C'est, s'attachant à écrire à peu près un ouvrage par année, après avoir, entre 2014 et 2017, imaginé un roman où il est question d'une nonne (il avait failli, pour sa résidence d'écrivain, être hébergé dans un couvent non loin de Charmes) de laquelle le protagoniste/narrateur tombe amoureux (roman pour le moment en lecture et en attente de réponse de son éditeur), et avant d'en terminer un second ces jours derniers, qu'il venait ce 21 avril présenter son dernier recueil paru en septembre 2016 chez JC Lattès, intitulé
La vie secrète du fonctionnaire

      La vie secrète du fonctionnaire, consiste en dix portraits de fonctionnaires en quête de sens... et d'un peu de fantaisie. Si l'auteur a écrit sur ce sujet brûlant, c'est qu'il en connaît les arcanes pour avoir tenu de nombreux postes dans la fonction publique notamment travaillé dans le domaine de l'emploi, d'abord à Auxerre en tant que Conseiller ANPE, puis à Saint-Dié-Vosges comme directeur d'Agence Locale pour l'Emploi et directeur d'une Maison de l'Emploi. Il en a éprouvé certaines des joies et les difficultés qu'il prête à ses personnages. 
      Il est à noter que pour La vie secrète du fonctionnaire, Arnaud Friedmann vient de recevoir le 14 avril dernier le prix Louis Pergaud. Prix en rapport avec ce roman, puisque Louis Pergaud fut lui même fonctionnaire, dans l'instruction publique, et en évoque quelques-uns dans ses œuvres. 
      Le caractère convivial et détendu de la rencontre autour de la table du Centre Social Saint Exupéry avec les membres du Café littéraire luxovien a amené Arnaud à confier dans la conversation l'origine déclenchante de l'écriture de quelques-unes de ses nouvelles. Parfois une expérience par lui vécue, ou vécue par l'une ou l'autre personne de sa connaissance sur laquelle il a brodé, imaginé.  Nouvelles dans certaines desquelles l'un ou l'autre fonctionnaire pourrait se reconnaître, tant elles semblent vraies, coller à la réalité. 
      L'auteur, s'attachant de façon vivante et plaisante à émailler ses propos d'anecdotes personnelles, fit également quelques confidences sur l'aspect éditorial de la publication du livre. Sur l'édition des dix nouvelles, un choix parmi les vingt qu'il avait proposées à son éditeur
à cause des "dix commandements du fonctionnaire" qu'il fallait respecter et dont chacune est une illustration. Sur leur ordre d'arrivée dans le livre. Et pourquoi la dernière, symbole de la mort du fonctionnaire. Sur le titre. Sur le choix de la photo de couverture et le symbole, encore un, qu'implique le plongeoir de la piscine aux eaux trop sombres, auquel sont agrippées les deux mains d'un fonctionnaire en détresse... 
      Sur les conseils de l'éditrice quant à l'insertion de documents, sous forme de circulaire officielle ou de courrier, qui précèdent chaque nouvelle, afin de mettre l'accent sur le caractère sclérosant de la fonction publique, la surenchère des réglementations, l'obsession statistique de leur hiérarchie, l'ambition... Car en elles mêmes, les nouvelles d'Arnaud Friedmann, ne présentent pas les fonctionnaires sous un jour totalement négatif, elles mettent le doigt sur leur vie privée qui taraude leurs pensées jusque dans leur travail, les poussent comme le dit la quatrième de couverture: "à l'occasion d'une rencontre ou d'un moment critique, à oser (ou rêver de) briser la routine, faire un pas de côté pour s'affranchir de la norme." 
      Enfin Arnaud évoqua les ateliers d'écriture qu'il a menés auprès de classes du collège de Charmes et du LEP de Luxeuil, et son regret du peu d'intérêt qu'il y a ressenti pour la littérature et les lacunes des élèves en orthographe...
      Lui, qui depuis tout enfant aime tellement lire, ce qui l'avait amené à imaginer et écrire des petites histoires dès l'âge de sept ans, puis son premier roman... après un premier amour malheureux de jeunesse. Eh oui! Arnaud à un fond romantique qui transsude dans ses œuvres. 
      Et puis, lui qui n'écrit qu'à l'ordinateur, parce qu'il ne sait pas se relire déplore-t-il, a bien dû se résoudre à dédicacer manuellement nombre d'ouvrages au public présent et conquis qui attend l'édition de ses prochains romans.

 

Arnaud Friedmann à Luxeuil - Photo: Marie-Françoise Godey
Arnaud Friedmann au Café littéraire luxovien du 21 avril 2017  / Photo: M-F.G


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